Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
16 Déc 2023 | Observatoire
 

En plus d’être discutable, le dernier plan anti-tabac du gouvernement présenté par Aurélien Rousseau (voir 28 novembre) écrase, aussi, notre libre arbitre. C’est ainsi que démarre un éditorial signé par l’essayiste et journaliste scientifique Peggy Sastre dans Le Point.fr.

En la personne d’Aurélien Rousseau, ministre de la Santé et de la Prévention, le gouvernement vient de présenter son nouveau plan anti-tabac. Le Programme national de Lutte contre le Tabac 2023-2027, mis en œuvre sous la double égide des ministères de la Santé et des Comptes publics, ne vise rien de moins qu’à « bâtir la première génération sans tabac à l’horizon 2032 ».

Un projet, nous dit-on, conforme aux souhaits du président de la République traduisant un combat contre un « fléau sanitaire » et tenant d’une « priorité de santé publique portée par le Gouvernement ».

Certaines mesures – hausse de la fiscalité, et donc du prix plancher du paquet, annoncé à 13 euros en 2027 – sont désormais habituelles, mais d’autres, pour parler poliment, étonnent. Notamment celles rassemblées dans le troisième « axe » du programme gouvernemental, dont l’objectif serait de « préserver notre environnement de la pollution liée au tabac » en luttant à la fois « contre le tabagisme passif et contre les effets néfastes du tabac sur l’environnement ».

Pour ce faire, nos dirigeants proclament l’instauration de « nouveaux espaces extérieurs à usage collectif libérés du tabac ». Exit donc la clope et la vape dans les parcs, forêts, abords des bâtiments publics et a fortiori des établissements scolaires et sur les plages.

•• Retour du maximalisme biopolitique et hygiéniste

Même si les liens entre tabagisme passif et problèmes de santé étaient avérés (ils le sont en réalité bien moins solidement qu’on pourrait le penser), les évoquer en cas de consommation de tabac chauffé ou vaporisé à l’air libre n’a pas lieu d’être. On perçoit dès lors quel est le seul et unique risque sanitaire que de telles mesures entendent endiguer : celui que l’individu fumeur choisit de prendre sur lui-même.

Et revoilà … le gros État papa, maman, nounou qui s’englue dans son maximalisme biopolitique et hygiéniste. Le même qui n’est jamais plus heureux que lorsqu’il fait les gros yeux à ses « administrés » pour leur expliquer comment ils doivent se comporter, y compris et surtout lorsque aucun tiers n’est éclaboussé par leurs « déviances ». 

Ici, on objectera sans doute que, dans un système de santé collectiviste, cette pudeur est saugrenue. En France, la Sécurité sociale prend en charge les dommages que les individus infligent à leur santé en consommant des produits tabagiques, et cela représente un coût énorme pour la collectivité et donc tout un chacun. Certes, mais cela ne dit rien du seuil de risque acceptable et de la légitimité qu’a l’État de le fixer toujours plus bas, à établir comme idéal le risque zéro, le principe de précaution, la prévention totale.

Comme on l’a vu durant le Covid, sous prétexte d’« aplanir la courbe » de la morbidité et de la mortalité pour préserver le système hospitalier de l’effondrement, nos dirigeants ont opté pour des mesures de fermeture totale du pays, d’enfermement des gens et de contraintes de leurs libertés. Autant de mesures qu’on n’a toujours pas fini de (cher) payer, et pas seulement sur un plan économique.

•• Entre enjeu sanitaire et recul des libertés, où est la limite ?

Voilà une certaine surréaction qui est l’expression de la même idéologie derrière l’interdiction toujours et partout de la cigarette… L’idéologie de la prise en charge de l’individu par l’État, qui prétend être le mieux placé pour définir son bien …qu’importe la variété d’arbitrages faits, par exemple, entre plaisir et perspective d’une espérance de vie réduite, fruits d’une variété de tempéraments et de psychologies.

Et c’est ce qui, au fil des mesures et des réglementations toujours plus autoritaires les unes que les autres, n’est jamais questionné.

Dans ce système du bien-être garanti par l’État, où est la limite entre un véritable enjeu sanitaire et la suppression croissante de toutes sortes de libertés et de pratiques individuelles auxquelles on ne peut pourtant attribuer, ou alors au microscope, aucune nuisance extérieure ?