Depuis lundi 9 août, le pass sanitaire est désormais exigé pour entrer dans les brasseries et restaurants, mais aussi pour boire un coup dans les bars-tabacs. Une vraie contrainte pour les buralistes manceaux qui craignent une perte de fréquentation des clients d‘après France Bleu (voir 9 août).
Ce sont les clients qui vont consommer un café ou une boisson qui devront être systématiquement contrôlés, comme l’explique Laurence Proust, présidente de la fédération départementale des buralistes en Sarthe : « le pass sanitaire est obligatoire seulement pour les clients qui souhaitent consommer ou manger chez un buraliste qui a une partie bar ou restauration. Pas de pass sanitaire pour ceux qui viennent juste chercher des cigarettes ou des jeux à gratter ».
•• En Sarthe on compte 266 buralistes, dont 75% qui ont un bar au sein de leur établissement. L’application du pass sanitaire est donc loin d’être une exception dans le département, et pour Laurence Proust cela risque de pénaliser de nombreux buralistes : « le pass sanitaire va freiner la fréquentation chez les buralistes, les gens sont perdus, ils ne savent pas si pour acheter des cigarettes ils doivent l’avoir ou non, ils n’ont pas encore l’information. Après au niveau des gérants ça va être compliqué, certains ont décidé d’embaucher quelqu’un rien que pour vérifier les pass sanitaires ».
•• Au bar-tabac « Le Khédive » au Mans, la vérification du pass sanitaire concerne chaque client qui souhaite consommer une boisson sur place ou en terrasse. Pour ceux qui n’ont pas encore le précieux sésame, la propriétaire Sophie Scalese propose des boissons à emporter. « On essaye de trouver une forme douce pour ne pas rentrer en conflit avec le client qui n’a pas son pass sanitaire, parce que c’est déjà très compliqué depuis 18 mois, et on ne veut pas perdre de chiffre d’affaires non plus ».
Cependant, la gérante du bar-tabac l’assure 98% de ses clients ont leur pass sanitaire. « Là pour la première journée quasiment tout le monde avait son pass sanitaire, ça fait plaisir que les clients jouent le jeu ». C’est le cas de Michelle, venu boire un café avec son mari : « on savait qu’ils allaient nous le demander, de toute façon j’ai toujours mon pass sanitaire dans mon sac. C’est devenu un réflexe comme emmener son portefeuille pour se payer un café, et puis ça rassure ».
•• Du côté du bar-tabac « Le Balto », Jean-Paul a appris le matin même qu’il fallait son pass sanitaire pour boire un coup, ce que n’a pas vraiment apprécié le retraité de 70 ans. « C’est anormal ça. Ça va vider les bistrots alors que c’est un lieu d’accueil où on prend plaisir à discuter avec les copains ».
Même son de cloche pour Stanislas, lui s’est fait vacciner pour pouvoir continuer à aller au bar : « on m’a forcé la main je n’avais pas le choix, je me suis fait vacciner pour accéder au bar, car c’est le seul lieu d’échange où on se retrouve entre copains. Sans le bar on fait comment ? On devient des ermites ».
Stéphane le gérant du « Balto » lui, a déjà dû refuser plusieurs clients en une journée car ils n’avaient pas le pass sanitaire. Il craint une forte baisse de la fréquentation de son établissement. « Avec l’extension du pass sanitaire, j’ai perdu 20 habitués en une journée. En plus c’est une perte de temps de vérifier le QR Code de tout le monde. Dès le premier jour je constate déjà qu’il y a beaucoup moins de clients, donc d’ici la fin de la semaine, je crains vraiment le pire ».