« Regardez dehors, qui en voudrait dans de telles conditions ? » se plaint le patron d’un bar-tabac installé devant le kiosque à journaux de la porte de Clignancourt, à Paris (XVIIIe).
Dans Le Parisien, Franck Yabas pointe du doigt les vendeurs à la sauvette de cigarettes et les dealeurs installés en permanence devant son établissement ainsi que tout autour du carrefour.
« À cause d’eux, notre chiffre d’affaires a baissé de 30 % au comptoir. Plus aucun touriste ne passe par ici pour aller aux Puces, ils savent que c’est trop dangereux. Et les Parisiens, pourquoi viendraient-ils ? Le chiffre de baisse est identique pour la vente de cigarettes, que les clients finissent par acheter dans la rue. »
•• Pour contrer ce manque à gagner, le buraliste a bien eu l’idée de se mettre à la restauration le midi. Mais là encore, l’ambiance de la place a très vite mis fin à la tentative.
Cette occupation de l’espace public ainsi que de son établissement provoque régulièrement des situations tendues. « Ils se croient tout permis. Certains entrent chez nous, ne demandent rien, vont aux toilettes, en ressortent et nous réclament un verre d’eau. Quand l’un commande un café, ils se mettent à dix dehors en terrasse. Il suffit que je leur fasse une réflexion pour que ça parte en vrille. »
•• La dernière fois, c’était en septembre. Franck Yabas reproche à un homme d’avoir utilisé ses toilettes sans avoir commandé. Celui-ci l’insulte, attrape un verre et le casse sur la tête du patron. Qui termine aux urgences, la tête en sang, et demeure en observation durant vingt-quatre heures face à la gravité des coupures.
« J’ai fini trois fois à l’hôpital à cause des dealeurs. C’est désolant. Le plus dur, c’est moralement. Nous sommes là pour travailler, pas pour nous faire agresser », s’agace Franck Yabas.
La présence des forces de l’ordre est pourtant quotidienne. « Ils font juste acte de présence, s’assurent que ça ne dérape pas trop (…) Mais il faudrait beaucoup plus d’agents sur place, de jour comme de nuit. Mettre des amendes pour leurs motos mal garées, aux vendeurs de cigarettes à la sauvette… »
Via son avocat, le buraliste a écrit à de nombreuses autorités en ce sens: ministère de l’Intérieur, préfecture de police, Ville de Paris… « personne ne m’a répondu. »