Nous reproduisons intégralement, ci-dessous, un communiqué de l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA / FSAS) des personnels de Logista et Seita.
« Tabac : le syndicat UNSA / FSAS demande aux députés de privilégier le paquet européen soutenu par 40 députés socialistes plutôt que le paquet neutre »
« Le paquet européen est une avancée significative en matière de santé publique. La Nouvelle directive européenne garantira un niveau élevé de protection de la santé publique, puisqu’elle conduit à un triplement de la surface des photos chocs (de 40% sur la face arrière seulement, à 65% devant et derrière), améliorant de façon significative l’information des consommateurs dans l’Union européenne, et notamment auprès des jeunes.
Le syndicat FSAS – UNSA n’est pas le seul à penser ainsi :
• Le Comité permanent des médecins européens a déclaré : « La nouvelle directive va dans le sens
des politiques visant à dissuader la reprise et à inciter à l’arrêt du tabagisme. En particulier, les dispositifs sur l’étiquetage des produits du tabac et le contrôle des additifs sont un grand pas en avant. »
• Les sénateurs, à une très large majorité y compris 104 socialistes sur 110, ont refusé le 16 septembre dernier, la mise en place du paquet de cigarettes neutre. Ils ont voté à une très large majorité pour la transposition de la directive européenne.
• Une quarantaine de députés socialistes se sont d’ores et déjà déclarés favorables au paquet européen et soutiennent la proposition en ce sens du rapport du député Frédéric Barbier.
Le paquet neutre n’est pas une solution crédible
Le paquet neutre n’est pas une solution crédible car il a été inefficace sur la consommation de cigarettes en Australie. Le chiffre d’affaires total du tabac dans les épiceries et drugstores d’Australie, sur une année arrêtées à juin 2014, est en progression de 7,3%.
Le paquet neutre n’est pas une solution crédible car les jeunes n’entrent pas dans le tabagisme pour le packaging, mais par curiosité, par défi, pour faire partie d’un groupe, pour faire sa propre expérience, pour transgresser.
Le paquet neutre n’est pas une solution crédible car on ne devient pas un consommateur régulier à cause d’un packaging, mais par protection contre l’angoisse, comme une solution au « mal-être », pour diminuer le stress, augmenter la concentration, pour le plaisir, la détente, la convivialité, l’effet coupe-faim.
Le paquet neutre n’est pas une solution crédible car d’autres produits vendus sans marketing voient leur consommation exploser auprès des jeunes. En 2011, 19 % des jeunes scolarisés de 16 ans déclarent avoir déjà pris des tranquillisants ou des somnifères, les filles plus souvent que les garçons (23 % contre 14 %). La première prise survient vers 14 ans. Chez les jeunes de 17 ans, 15 % ont déjà pris au cours de leur vie des anxiolytiques, 11 % des hypnotiques et 6 % des antidépresseurs.
Le cannabis est le premier produit psychoactif illicite consommé à l’adolescence et il n’est pas vendu avec des paquets attractifs. En 2014, 47,8 % des adolescents de 17 ans ont déjà fumé du cannabis au moins une fois (45,8 % des filles et 49,8 % des garçons) soit près d’un jeune sur deux. Ce ne sont certainement pas l’emballage et le design des produits qui ont attirés les consommateurs.
Le paquet neutre fera perdre combien de revenu fiscal à l’Etat ?
En 2012, le tabac de contrebande en Australie représentait environ 11,8 % de la consommation du pays. Pour 2013, il atteint 13,9 %. Les ventes parallèles auraient représenté en recettes fiscales environ 1,1 milliards de dollars australiens.
Le tabac en France, ce sont 14 milliards de taxes et TVA. Or, la France est déjà le deuxième pays d’Europe où les volumes de cigarettes de contrebande et de contrefaçon sont les plus élevés et le premier en Europe continentale. Le 17 mars 2015, le secrétaire d’Etat au Budget a présenté le bilan de l’activité des douanes et droits indirects en 2014 : 422,7 tonnes ont été saisies sur cette période.
Combien de tonnes sont passées à travers les mailles du filet ? Avons-nous besoin de perdre plus de recettes fiscales, alors même que la dette française est de 2 032 milliards d’euros ?
Quelles seront les conséquences sur l’emploi avec le paquet neutre ?
Il n’y aura plus de manufacture de cigarettes en France. Nos deux dernières usines n’ont pas de confectionneuses pour les produire. Il faudrait un investissement financier lourd pour les adapter. Les 660 000 euros du Crédit Impôt Compétitivité Emploi n’y suffiront pas. Nous avions, une usine à Nantes, avec 327 salariés, capable de les produire mais l’actionnaire majoritaire le groupe britannique Imperial Tobacco a décidé sa fermeture le 15 avril 2014.
A ce jour, nous sommes encore 820 salariés Seita et plus de 620 salariés Logista répartis sur tout le territoire. La Seita, ce sont deux usines de fabrication de cigarettes à Riom et à Bastia, un centre d’approvisionnement au Havre, une unité de Recherche à Bergerac, un pôle de Laboratoires de Contrôle à Fleury les Aubrais et une Direction Générale à Paris. Logista, ce sont six directions régionales de distribution à Paris-Est, Le Mans, Lyon-Mions, Marseille-Vitrolles, Bastia et Toulouse- Colomiers et une Direction Générale à Vincennes.
Nos deux entreprises ont de nombreux fournisseurs et font appel à la sous-traitance. En 2013, la Seita a versé 7,5 millions d’euros à des entreprises extérieures.
Le réseau des buralistes, ce sont 26 500 débits qui emploient 110 000 personnes.
Le paquet neutre, c’est la fermeture de nombreux buralistes et de Directions Régionales de Distribution. C’est la délocalisation de la production des cigarettes en Pologne, la délocalisation des analyses et des contrôles en Allemagne et moins d’approvisionnement de tabac pour le site du Havre soit d’ores et déjà 235 postes supprimés à Riom (Puy-de-Dôme), 108 postes supprimés à Fleury les Aubrais (Loiret), …
A fin janvier 2015, il y a 5 232 100 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi.
Nos emplois doivent-ils être supprimés pour une mesure qui n’a pas démontrée son efficacité en Australie depuis 2012 ?
Faire le choix d’une solution raisonnable plutôt que d’une solution idéologique
Nous demandons aux députés, parce qu’ils sont les législateurs chargés de voter les lois de la République, que cette mesure soit retirée de la loi de santé car elle va détruire des milliers d’emploi, diminuer les recettes du budget de l’état et ne sera aucunement bénéfique pour la santé publique.
Une mesure qui « n’est pas la panacée », une mesure qui ne suffira pas à « empêcher les jeunes à entrer dans le tabagisme et aider les fumeurs à arrêter », selon les propos de Madame Marisol Touraine elle-même, Ministre des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes lors de la séance du 3 avril 2015 à l’Assemblée Nationale ».