Ce jour, sur le site Huffingtonpost, Guillaume Granier, co-managing director de FTI Consulting Paris, analyse les résultats du dernier sondage (Odoxa-FTI Consulting – Les Echos – Radio classique) sur le paquet neutre (voir Lmdt du 13 avril).
Guillaune Granier s’intéresse, dans un premier temps, au décalage entre les opinions publiques anglaise et française par rapport à l’instauration du paquet neutre. Au Royaume-Uni, 72 % de la population la soutient (voir Lmdt du 23 janvier). 73 % des Français n’y croient pas. Pourquoi ?
•• Les Français auraient reçu des informations contradictoires autour de l’efficacité du paquet neutre, estime Guillaume Granier : « Karine Gallopel-Morvan, professeure à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, a rappelé en s’appuyant sur un certain nombre d’études internationales que le paquet neutre était efficace pour différentes raisons : empêcher le pouvoir persuasif du marketing des fabricants de tabac, augmenter l’impact des messages sanitaires (…).
« À l’inverse, d’autres études, tout aussi sérieuses démontrent que le paquet neutre n’a aucun effet sur la consommation de tabac. En 2013, une étude de la London School of Economics expliquait : les données collectées (en Australie) ne démontrent pas qu’il y ait eu un changement de la prévalence tabagique des adultes après l’introduction du paquet neutre avec ses avertissements sanitaires imposants ».
•• Les contradictions autour du paquet neutre ont aussi été observées au sein même de la majorité gouvernementale, poursuit Guillaume Granier. Entre l’annonce par Marisol Touraine de l’intégration, par amendements, des mesures-phares de son plan de lutte contre le tabagisme dans son projet de loi Santé. Puis, le 7 avril, en plein débat à l’Assemblée, l’initiative du groupe parlementaire PS sur la création d’une commission sur l’évolution du métier de buraliste (voir Lmdt des 12 et 7 avril).
« La majorité a pris conscience, entre temps, des effets collatéraux potentiels de l’instauration du paquet neutre sur l’emploi, notamment pour les 27 500 buralistes, qui maillent le territoire. Pour la Confédération des buralistes, l’instauration du paquet neutre est une « douche froide ». Les buralistes, dont 720 confrères ont dû fermer en 2014, estiment que cette nouvelle décision n’est pas adaptée au marché français.
« Dès lors, peut-on en déduire que les Français sont opposés aux politiques de lutte contre le tabac? Non. (…) Mais, dans le cas du paquet neutre, il serait plus juste de dire que les Français doutent de sa capacité de changer les comportements par un encadrement du marketing ».