Le prix du paquet de tabac augmentera six fois d’ici fin 2020 pour atteindre 10 euros, à commencer par une hausse de 35 centimes cette année, a annoncé mercredi la ministre de la Santé, suscitant la grogne du secteur, rapporte l’AFP.
•• « Nous allons harmoniser le prix du paquet du tabac, notamment les (prix) plus faibles, dès la fin de l’année (…) en augmentant en moyenne de 35 centimes d’euros pour aboutir à des paquets à 7,10 euros. Puis il y aura une hausse d’un euro en mars prochain », a déclaré Mme Buzyn sur Europe 1.
« Il y a aura ensuite des hausses de 50 centimes d’euros en avril et en novembre 2019, de 50 centimes en avril 2020 et de 40 centimes en novembre 2020 », a détaillé la ministre.
Le prix du paquet de tabac à 10 euros était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron.
•• Pour Brian Dalton, responsable communication chez Seita, « les mesures annoncées par la ministre de la Santé sont à la fois biaisées et inadaptées : en choisissant de s’attaquer aux marques d’entrée de gamme, cette mesure a peu de chance de faire reculer le tabagisme en France car on sait que ce sont les marques les plus chères qui captent le plus de fumeurs. »
« Un prix unique à 7,10 euros serait un cadeau sans précédent pour le leader du marché », déplore M. Dalton. Aujourd’hui, le paquet de cigarettes le moins cher est à 6,30 euros quand le paquet de Marlboro, le plus vendu -et un des plus chers- est à 7 euros.
•• « On note la volonté de la ministre d’avoir une politique de lutte contre le tabagisme ambitieuse mais nous sommes très surpris car elle se trompe de cible : ce sont les cigarettes chères qui sont en croissance et non les cigarettes d’entrée de gamme », ajoute Éric Sensi-Minautier, directeur de la communication chez British American Tobacco (BAT).
Selon lui, « par le matraquage fiscal, on pousse ainsi les fumeurs vers le marché parallèle. » Le marché parallèle (en dehors du réseau des bureaux de tabac) atteindrait 27,1% de la consommation, selon une étude KPMG.
•• Du côté de la Confédération des buralistes, le secrétaire général Jean-Luc Renaud regrette « l’absence de concertation qui avait été promise par la ministre elle-même en juillet dernier ». Il pointe « des hausses désastreuses », qui ne sont « malheureusement pas accompagnées d’un réel plan de lutte contre le marché parallèle, qui lui aussi avait été promis », lance-t-il.
« Les buralistes français sont d’ailleurs appelés à manifester leur mécontentement le 4 octobre prochain à Paris, en allant du ministère de la Santé à l’Assemblée nationale », a-t-il annoncé.
•• Philip Morris France lui « tient à rappeler que si l’évolution du cadre fiscal des produits du tabac en France est décidée par les pouvoirs publics, et que ceci peut avoir une influence sur la décision de chaque fabricant, les prix de vente au détail sont en revanche déterminés librement par chacun d’entre eux. »
•• Ces hausses successives correspondent en revanche aux préconisations des associations de lutte contre le tabagisme.
« Les hausses significatives et répétées de taxes pour parvenir à un niveau dissuasif de prix constituent la mesure la plus efficace pour réduire la consommation », rappelait récemment le professeur Yves Martinet, pneumologue et président du Comité national contre le tabagisme.