L’enseigne de supérettes en libre-service Api vise l’ouverture de 100 nouveaux points de vente en 2024 sur une diagonale des Landes à la Normandie. Soutenue par la forte demande des communes rurales, la marque charentaise détaille, étude à l’appui, les raisons du succès de son modèle. Portrait de La Tribune.
De 15 à 65 lieux de vente en à peine un an. Dans neuf départements de la façade Ouest, des mobil-homes convertis en supérettes libre-service essaiment dans les villages dépourvus de commerce. À l’intérieur, des clients autonomes naviguent dans 700 références de produits, principalement issus du distributeur Carrefour.
•• L’engouement a quelque peu saisi le trio dirigeant de la jeune société. Si tout semble leur sourire, les comparses restent avares en chiffres. Rien sur les derniers résultats financiers ni sur les investissements ou la rentabilité du modèle économique. « Nous ne sommes pas encore rentables mais notre modèle économique doit nous permettre d’atteindre la rentabilité d’ici deux à trois ans », projette Julien Nau, l’un des cofondateurs, qui a mené plusieurs levées de fonds.
L’entreprise revendique un modèle complémentaire de celui des grandes surfaces. Mais au final ses marges nettes sont, semble-t-il, proches de celles-ci, entre 1 et 2 %. « Le but n’est pas de battre la grande distribution sur ce chiffre-là, à terme on sera autour de ça. On fait quelque chose d’innovant et personne ne croyait que la ruralité pouvait être un terrain de jeu pour une activité économique à impact. C’est ça que l’on défend. Pour une rentabilité maximum, ce n’est pas Api qu’il faut venir chercher », fait remarquer le dirigeant.
N’empêche que le contexte difficile de l’investissement dans les startups comme le récent échec de son lointain concurrent Boxy en région parisienne a de quoi susciter quelques questionnements autour du dessein d’Api. Au printemps, Boxy a indiqué fermer ses lieux de vente en libre-service en région parisienne et se réorienter vers la distribution dans le monde professionnel (voir 9 et 14 septembre 2020) .
•• Pour esquiver les doutes, Api a dégainé son observatoire de la ruralité le 28 juin, une étude réalisée par OpinionWay pour tirer le profil de la consommation en milieu rural.
Où l’on apprend qu’avec 16 800 communes sans aucun commerce ou service de proximité en France, ce sont plus de 11 millions de personnes qui se trouvent à plus de 20 minutes aller/retour d’un supermarché. Or, 75 % du budget alimentaire de ces ruraux est dépensé en grande surface.
D’où le service essentiel – et le grand intérêt économique pour Api – de proposer des lieux dans ces zones grises de la consommation. Selon l’étude, 70 % des achats réalisés dans ces supérettes connectées le sont par des clients résidant à moins de cinq kilomètres.
Pas rassasiée et voyant le besoin de proximité, l’enseigne va aller au-delà de l’alimentaire. Une trentaine de supérettes accueilleront un point de relais colis de La Poste d’ici la fin de l’année. Un premier partenariat qui pourrait en nourrir d’autres.
« La supérette c’est la première brique, on souhaite en implanter d’autres car tout ce qu’on apporte ne peut être qu’un plus. On veut travailler sur des services élémentaires et innovants », motive Julien Nau.
« On connaît nos forces et il ne faut pas se disperser non plus », tempère Antoine Tétard, responsable stratégie, « demain, si on pouvait avoir un cabinet médical et un marché de producteurs dans chaque village ce serait super. Mais on ne pourra pas tout faire ! »