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21 Avr 2023 | Profession
 

Au premier trimestre, les taxes collectées ont reculé de 2 % dans le sillage de la chute des ventes de cigarettes. La politique de hausse des prix se heurte à linflation et aux ventes illégales. LÉtat a cassé sa martingale fiscale.

Tel est le début d’un commentaire sur le marché actuel du tabac de Matthieu Pechberty sur BFM-Business ce 21 avril que nous reprenons.

•• Depuis le début de l’année, les ventes du nombre de paquets de cigarettes ont baissé : de 4,4 % pour les cigarettes, et même de 10 % sur le tabac à rouler. Le chiffre daffaires du marché a, logiquement, lui aussi reculé, de 2,3 % sur les trois premiers mois de l’année (voir 13 avril).

Preuve que la hausse des prix du 1er mars, allant de 50 centimes à un euro, n’a pas suffi à compenser la chute des volumes. Et pour cause, les fumeurs s’approvisionnent ailleurs. « Linflation est très forte et les fumeurs se ruent sur la contrefaçon et la contrebande », explique Cyril Lalo, responsable des affaires publiques de Seita (Royale, Gauloises, News, …).

L’État ne semble pas avoir mesuré l’impact de l’inflation, mais aussi des hausses de 15 % des prix du gaz et de l’électricité en début dannée, sur le marché du tabac. Pris en étau, les fumeurs se déportent du marché légal chez les buralistes. Les industriels estiment ainsi que près d’un quart des cigarettes fumées proviennent de l’étranger et un autre quart sont contrefaites.

Et les fumeurs achètent de plus en plus sur internet. Une étude commandée par British American Tobacco a notamment identifié 10 000 posts de ventes de tabac sur les réseaux sociaux, Facebook, Snapchat ou Tik Tok. Ces ventes sont difficiles à chiffrer avec précision mais les industriels estiment qu’elles pourraient représenter environ 10 % du marché.

•• Résultat, tous les acteurs du marché voient leurs revenus baisser : les fabricants de tabac, les buralistes et surtout l’État, qui prélève 84 % de taxes sur un paquet de cigarettes.

Selon plusieurs sources, les recettes fiscales ont diminué de 60 millions deuros par rapport au premier trimestre 2022, à 3,25 milliards deuros. En ajoutant le tabac à chauffer et les autres tabacs, la perte fiscale frôle déjà 100 millions d’euros alors que Bercy prévoit d’en gagner 215 millions d’euros cette année. L’effet reste en apparence limité pour le moment. Sauf qu’il s’inscrit dans la lignée d’une chute de plus de 800 millions d’euros en 2022.

Cette tendance pousse les industriels et l’État à s’interroger. « Le marché a atteint un pic où la politique daugmentation des prix ne fait plus baisser la consommation de tabac » explique Vincent Zappia de British American Tobacco, « lÉtat a cassé son monopole de vente ». Et sa martingale qui lui a permis de doubler ses recettes fiscales depuis vingt ans.

•• Le Gouvernement a relancé l’an passé une hausse des prix pour augmenter les taxes. Il attend fin mai pour observer si cette tendance se poursuit. Sur les premiers jours d’avril, la baisse des ventes légales se confirme, voire s’aggrave, alerte un industriel.

Cette fois la machine semble bel et bien grippée.