Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
5 Juin 2022 | Associations
 

À l’occasion de la Journée mondiale sans Tabac (voir 30 mai), l’ACT-Alliance contre le Tabac et une vingtaine d’organisations européennes actrices dans la lutte contre le tabagisme interpellent les États membres de l’Union européenne sur les récentes tentatives d’écoblanchiment de l’industrie du tabac.

Nous reprenons leur communication.

•• L’industrie du tabac : un désastre environnemental, de la production à la consommation

Alors que les conséquences dévastatrices du tabagisme sur la santé publique sont largement documentées, causant plus de 700 000 décès par an en Europe , son impact environnemental reste trop méconnu.

Tout au long de leur cycle de vie, les produits du tabac sont pourtant responsables d’une grave pollution et dégradation de l’environnement, notamment par la déforestation, la pollution de l’eau, de l’air et des sols par des produits chimiques et des particules microplastiques.

Chaque année, plus de 4,5 trillions de mégots de cigarettes sont jetés dans la nature . La majorité d’entre eux comporte un filtre en acétate de cellulose, un additif plastique difficilement biodégradable pouvant polluer jusqu’à 500 litres d’eau et qui représente le deuxième déchet plastique le plus retrouvé sur les plages de l’Union européenne.

•• Les tactiques d’écoblanchiment de l’industrie du tabac

Malgré ces éléments factuels, l’industrie du tabac multiplie les tentatives pour paraître responsable et respectueuse de l’environnement. Que ce soit par la communication affichée sur les sites officiels de ses principales entreprises , comme la promotion du nettoyage des plages organisé par des bénévoles , l’industrie du tabac détourne et manipule les faits. Elle cherche à se soustraire à sa responsabilité environnementale tout en regagnant en légitimité auprès des pouvoirs publics.

Cette fausse image de respectabilité met en péril plusieurs décennies d’efforts de la société civile et des gouvernements pour prévenir et dénoncer les conséquences sanitaires, sociales, environnementales et économiques dévastatrices de la consommation et de la production de tabac. Ces efforts ont notamment conduit en 2005 à la ratification de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) par 182 entités, dont l’Union européenne, couvrant ainsi plus de 90 % de la population mondiale, et visant à protéger les générations actuelles et futures de l’industrie du tabac.

•• L’Union européenne ne doit pas tomber dans le piège de l’industrie du tabac

Confier cette tâche à l’industrie du tabac met en danger des décennies de politique sanitaire visant à éloigner l’industrie du tabac de toute mission de service public. Une telle délégation est particulièrement contraire à l’article 5.3 de la CCLAT qui impose aux signataires de protéger leurs politiques des intérêts de l’industrie du tabac. Son rôle doit se limiter au financement du nettoyage et de la gestion des mégots de cigarettes.

Elle ne doit pas être impliquée de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, dans la gestion de ces déchets et encore moins dans l’organisation de campagnes de sensibilisation à ce sujet. Une telle mission devrait être réservée à un éco-organisme totalement indépendant de l’industrie du tabac.

Les organisations signataires de la présente lettre, ont déjà fait part de leurs préoccupations à la Commission européenne et demandent aux Etats membres de l’Union européenne d’aborder cette question lors du prochain Conseil européen de l’environnement qui se tiendra le 28 juin.

La mise en œuvre des accords internationaux protégeant la santé publique et l’environnement, et en particulier la CCLAT et son article 5.3., devrait les inviter à refuser cette tentative flagrante d’écoblanchiment de l’industrie du tabac.

(Voir aussi 27 mai)