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1 Juin 2022 | Trafic
 

La plupart des paquets de cigarettes coûtent désormais 10 euros. Résultat : les ventes de tabac ont baissé de 6,5 % en 2021. Mais le marché parallèle se développe, une pratique dénoncée par les buralistes qui y voient un risque sanitaire pour les fumeurs, selon un reportage de France Bleu Paris.

Face aux prix de plus en plus élevés, les fumeurs se débrouillent. « Avant je fumais des indus, maintenant que ça a augmenté, je suis passée aux roulées », explique Swann. « Si vraiment ça augmente, comme en Australie où le paquet coûte 75 dollars, là j’arrêterai », ajoute-t-elle. Théo, lui, profite des voyages de ses amis pour récupérer des cigarettes vendues moins cher dans les pays transfrontaliers.

•• Mais en parallèle, un marché s’est développé avec du tabac de contrefaçon, vendu dans la rue ou devant des bouches de métro, notamment dans le nord-est parisien, par des vendeurs à la sauvette.

Tatiana le reconnaît, c’est un moyen de payer son paquet deux fois moins cher : « Le prix du paquet, ça pèse dans mon porte-monnaie, donc ça me convainc d’aller acheter là où c’est moins cher, on trouve ça facilement dans la rue, même si ce n’est pas dans les tabacs ».

•• Un marché parallèle que déplore les buralistes, comme Patrick Halegoi, patron d’un tabac dans le 14ème arrondissement de Paris et vice-président de la chambre syndicale des buralistes d’Île-de-France.

« Ce n’est pas en matraquant avec des taxes qu’on aura un résultat ! » explique-t-il. « Si on avait dû avoir zéro fumeur grâce au prix, ça serait fait depuis longtemps et on n’aurait pas des petits vendeurs dans la rue. Maintenant, chaque augmentation augmente le nombre de vendeurs dans la rue »

Un trafic qui, selon lui, met en danger la santé des fumeurs : « Je préfère que ce soit les buralistes qui vendent des produits légaux, avec des normes légales, parce que sur le marché parallèle de contrefaçon, on ne sait plus ce que nos clients fument ».

•• D’autant plus que, d’après l’Observatoire français des Drogues et des Tendances addictives, si la consommation globale de tabac est en baisse, de fortes disparités sociales persistent.

Entre les personnes sans diplôme et les personnes titulaires d’un diplôme supérieur au bac ou bien entre les chômeurs et les actifs, la consommation de tabac est multipliée par deux. Des fumeurs avec moins de moyens qui, pour maintenir leur consommation, se tournent parfois vers le tabac de contrefaçon.

•• Pour Loïc Josseran, président de L’Alliance contre le Tabac, « l’augmentation du prix est un élément qui cible particulièrement les jeunes, mais doit aussi permettre aux plus précaires d’arrêter leur consommation et de se tourner vers un sevrage. »

Le tabac qui représente un poids financier important pour les fumeurs : « L’argent qu’on met dans le tabac, on ne le met pas ailleurs », ajoute-t-il. « On ne le met pas dans une alimentation de qualité, on ne le met pas dans des soins s’ils sont insuffisamment remboursés, on ne le met pas dans une mutuelle. Le tabagisme est un facteur de paupérisation. »