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7 Sep 2018 | Pression normative
 

L’un des sujets médiatiques de cette rentrée. Le Parisien / Aujourd’hui en France de ce vendredi titre : « Doit-on interdire aux parents de fumer devant les écoles ? ». Plusieurs villes ayant pris un arrêté pour punir d’une contravention ceux qui s’aviseraient de griller une cigarette devant les écoles (voir Lmdt de ce jour). L’essentiel de l’article.

•• À Bordeaux (Gironde), l’élue socialiste, également médecin et ancienne ministre Michèle Delaunay, veut interdire la cigarette devant les écoles de la ville. Si son idée a peu de chances d’obtenir le soutien de la majorité dirigée par Alain Juppé lors du conseil municipal du 17 septembre, d’autres villes ont déjà entériné le principe (voir Lmdt du 4 septembre 2018).

•• À Yvetot (Seine-Maritime), le maire a repris une idée du conseil des jeunes de la ville et vient de publier un arrêté municipal pour bannir les cigarettes des sorties des maternelles et élémentaires. Ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de s’en griller une à cet endroit s’exposent à une amende de 35 euros (voir Lmdt du 3 septembre 2018).

•• Dans le Nord, à Solesmes (voir Lmdt du 1er février 2016), certains parents en avaient assez de voir les enfants shooter dans des cigarettes écrasées au sol ou se brûler avec des mégots encore chauds. Il y a deux ans, l’édile a lui aussi dégainé son arrêté anti-clopes, également adopté par des villes comme Ouistreham (Calvados) ou Kaltenhouse (Bas-Rhin).

« L’amende est de 17 euros, mais personne n’a jamais été verbalisé », explique l’élu nordiste, Paul Sagniez. « On est dans le symbolique puisqu’il s’agit d’une zone de 20 m où la cigarette est interdite. Il s’agit de dire aux gens : ne fumez pas juste devant l’endroit où sortent les enfants. »

•• Dans une rue ouverte au vent, les enfants ne craignent pas grand-chose des cigarettes de leurs parents. « Il faudrait vraiment qu’il y ait beaucoup de personnes qui fument pour que l’on parle de tabagisme passif », estime Isabelle Gerintes, tabacologue à l’hôpital Pierre-Rouques-les-Bluets (Paris XIIe).

•• « On veut avant tout sensibiliser à la présence de la cigarette dans notre quotidien », explique-t-on à la mairie d’Ouistreham. « Ce n’est pas anodin de fumer devant des enfants. » État d’esprit identique à Solesmes, où l’on explique que « l’important, c’est d’éviter que les enfants agissent plus tard par mimétisme ».

•• « La mesure peut avoir un impact » souligne Isabelle Gerintes . « Toute interdiction, même minime, peut amener les gens à repenser leur rapport avec la cigarette. Et ça vaut pour les enfants comme pour les parents. »

•• À Solesmes, des parents mécontents sont venus vider le contenu de leur cendrier devant les grilles de l’école. « Depuis, les rapports avec les fumeurs se sont pacifiés » souligne le maire. Mais il faut encore faire beaucoup de pédagogie au quotidien pour que les gens ne fument pas dans la zone interdite. » Situation plus apaisée à Ouistreham, où la police municipale a plus de mal à faire appliquer la même règle sur les plages.

•• À Yvetot, tous les fumeurs ne sont pas ravis de devoir ingérer leur dose de nicotine de l’autre côté de la rue. « On ne va pas se battre pour faire appliquer ce décret » glisse le président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) de la ville, Philippe Hallard. « Je trouve ça un peu dommage de passer par l’interdiction, il y a des choses plus importantes pour nos élèves. Personne n’est assez bête pour souffler sa fumée de cigarette dans la tête des enfants. »