Les vols et tentatives de vols à l’encontre des buralistes sont courants dans le département de la Manche, même s’ils ne se soldent pas toujours par le résultat escompté pour les agresseurs.
À Bricquebec le 16 décembre, le ou les malfaiteurs ont été mis en fuite au bout de quelques minutes par l’alarme. Quant à ceux qui s’en sont pris au bar-tabac-épicerie de Virey, le 21 décembre, ils sont repartis les mains vides, là encore chassés par le cri strident déclenché par le détecteur de mouvement.
Face à des effractions en hausse en 2022, les buralistes se bunkerisent. C’est le cas du bar-tabac « Le Sainte-Croix », à Lessay (20 kilomètres de Coutances).
•• « Nous avons six détecteurs de mouvement répartis entre la partie publique du magasin, la réserve de tabac et l’étage, au cas où les voleurs tenteraient de s’introduire par les logements », explique le buraliste dans La Manche Libre.
Ce n’est pas tout. En plus du rideau métallique déjà en place avant leur arrivée en 2018, le couple a fait installer un générateur de brouillard qui « empêche de voir vos mains au bout de 20 secondes », une alarme assourdissante à l’intérieur et la même à l’extérieur pour ameuter le voisinage et le poste de gendarmerie situé à 200 mètres.
Mi-décembre, « Le Sainte-Croix » a même modernisé son dispositif en faisant passer le système de télésurveillance de l’analogique à la fibre, permettant de tester automatiquement sa fonctionnalité toutes les 60 secondes.
•• Même l’éventualité d’un vol en présence des buralistes a été envisagée. Le jour où un pistolet est braqué sur lui pour le forcer à désactiver l’alarme, le buraliste peut entrer un code factice mais qui agit comme le véritable code : il prévient dans le même temps les forces de sécurité qu’une intrusion est en cours …
Et il est inutile de couper le courant dans l’ensemble du quartier dans l’espoir de rendre caducs les outils de surveillance. Le tabac est équipé de batteries de grande autonomie qui prendraient automatiquement le relais.
•• Coût de cet arsenal : environ 6 000 euros hors taxes financés, après examen du dossier, par les Douanes.
Le dispositif vise à dissuader les cambrioleurs qui « alimentent un marché parallèle et souterrain lié à la filière du crime organisé » selon Michaël Giraudet, le procureur de la République de Coutances. « Quand il veut s’équiper, le buraliste fait une demande aux Douanes et on lui finance ce à quoi il est éligible », explique Nicolas Masson, le directeur régional des Douanes.
Sur les 318 bureaux de tabac recensés par les autorités dans la Manche, une quarantaine de demandes d’aide pour des dispositifs de sécurité seraient actuellement en cours d’instruction, pour une somme moyenne de 4 800 euros par commerce.