Selon des informations des Échos, le groupe La Poste négocie la reprise auprès de l’Agence des Participations de l’État (APE) d’IN Groupe, l’ancienne « Imprimerie nationale ».
À la tête de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires dégagés à l’issue d’une profonde transformation high-tech et d’une série d’ acquisitions – dans les puces sans contact, les bobines d’hologrammes ou encore l’analyse d’images – IN Groupe est devenu un acteur incontournable des titres sécurisés et de l’identité en ligne. C’est à lui qu’a été confié l’étiquetage unique numérique des produits du tabac (traçabilité / voir 13 août, 24 avril et 9 mars 2019).
•• Quelque 60 millions de titres sécurisés sont produits chaque année dans ses usines pour des administrations françaises, des entreprises et une trentaine de gouvernements partenaires, en Afrique et en Amérique Latine.
Une stratégie qui entre dans la droite ligne du virage pris par La Poste vers le rôle de tiers de confiance numérique. Moteur de croissance, sa filiale Docaposte (voir 28 janvier 2022) – rejoint en fin d’année par Guillaume Poupard , l’ex patron de l’Anssi (l’agence nationale de cybersécurité) – a généré 826 millions d’euros de chiffre d’affaires (+8,9 %).
De quoi bâtir avec IN Groupe et ses 1 800 collaborateurs un nouveau poids lourd des titres sécurisés et de l’identité numérique. En effet, avec IN Groupe générant 60 % de ses revenus à l’export, Docapost, qui tire 5 % de son activité à l’international, pourrait plus rapidement atteindre son objectif de 15 % de recettes réalisées hors de France d’ici à 2030.
•• Cet arbitrage capitalistique au sein de la sphère publique – l’ancienne Imprimerie nationale, détenue à 100 % par l’APE, rejoindrait de fait un groupe détenu à 34 % par l’État et à 66 % par le bras financier de l’État, la Caisse des Dépôts – répondrait cependant aux préoccupations ouvertement émises par la Cour des comptes l’an dernier. En effet, dans un rapport de l’été dernier, l’institution a soulevé le problème du contour de son monopole, mais remarqué aussi qu’IN Groupe « doit faire face à des concurrents aux surfaces financières très supérieures à la sienne ».
En réponse, Bruno Le Maire avait dit rejoindre les préoccupations capitalistiques de la Cour, notamment au vu des enjeux européens : « le marché de l’identité sécurisée, sur lequel opère IN Groupe, constitue un secteur stratégique en cours de consolidation et en forte croissance à l’échelle mondiale comme européenne », toujours selon Les Échos.