Le commerce de la marijuana – qui a rapporté 6,7 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2016 – décolle depuis que 28 états (plus le district de Columbia-Washinton) en tolèrent l’usage à des fins thérapeutiques ou récréatives (voir Lmdt du 9 novembre 2016).
Start-up, investisseurs, jusqu’à Wall Street s’y intéressent … malgré l’arrivée toute récente d’un ministre de la Justice hostile à la légalisation.
•• Plus personne n’emploie les termes « pot » ou « ganja », trop connotés « hippie ». On ne parle plus que de cannabis et de « cannabusiness », avec une croissance à deux chiffres (30 %) selon ArcView Market Research qui publie en février son cinquième rapport annuel sur l’économie du cannabis (voir Lmdt des 23 mars 2016 et 4 mars 2015).
•• Un Américain sur cinq vit dans actuellement dans un état qui a mis fin à la prohibition. Si les banques continuent à bouder les « ganjapreneurs », Wall Street est en train de leur ouvrir la porte, précise un article du Monde daté du 29-30 janvier. Comme Mass Roots, le Facebook de la marijuana. Il ne s’agit cependant pas d’entreprises qui « touchent à la plante » mais d’entités périphériques : consulting, sécurité, biotechnologie.
•• « L’industrie est entrée dans une seconde phase », indique Benjamin Bradley, directeur pour la Californie du groupement professionnel Cannabis Industry Association, « des gens qui ont réussi ailleurs s’y intéressent ». Car la diversification est large.
Les consommateurs d’aujourd’hui fument moins mais réclament, par exemple, des « mangeables » où l’agent psychoactif (le THC) est ingéré et non inhalé ou des parfums. Les célébrités s’engouffrent dans la brèche : le comédien Ashton Kutcher, le rappeur Snoop Dogg, l’actrice Whoopi Goldberg ou le chanteur Willie Nelson (voir Lmdt du 10 avril 2016).
Autre exemple, cité par Le Monde. En Californie – avant la légalisation de la vente au 1er janvier 2018 – un médecin a abandonné son activité d’anesthésiste pour fonder HelloMD, une plateforme où une trentaine de médecins assurent des consultations en ligne. Le site a émis, en 2016, 65 000 autorisations de délivrer de la marijuana.
•• Selon ArcView, le chiffre d’affaires de la marijuana pour les États-Unis et le Canada (voir Lmdt des 5 et 9 décembre 2015) pourrait atteindre 20 milliards de dollars avant 2021.
Pour les experts, le marché devrait monter en gamme.
Les cours sont en baisse, du fait de la légalisation, et les entrepreneurs doivent se singulariser. Soit par la qualité des produits – l’aspect « terroir » est déjà utilisé par les producteurs de la région de Mendocino, au nord de la Californie – soit en s’associant à des grands noms, comme celui de Bob Marley, dont la famille a lancé la gamme Marley Natural.
• Seul ombre … L’élection de Donal Trump et surtout l’arrivée de Jeff Sessions au poste de ministre de la Justice, un conservateur de l’Alabama, connu pour son hostilité à la légalisation.