Normalien et agrégé de philosophie, Nathan Devers (22 ans) vient de publier aux éditions Grasset « Espace fumeur » dans lequel il dresse un portrait du fumeur au travers de ses expériences et de ses souvenirs personnels.
Avec pour ligne conductrice, une question : peut-on s’arrêter de fumer sans oublier le fumeur qu’on a été ?
•• Dans ce livre, à mi-chemin entre l’essai et le récit, Nathan Devers raconte sa vie à la lumière de la relation qu’il a entretenue, pendant plus de dix ans, avec le tabac.
Il revient sur des expériences qu’ont sans doute partagées la plupart des fumeurs: la première cigarette, l’apparition de la dépendance, ses effets bénéfiques et néfastes, l’incapacité de faire quoi que ce soit sans « en allumer une », les vaines tentatives de sevrage – et puis l’invention d’une méthode, résolument personnelle, pour en finir avec cette addiction.
•• Outre le rôle de la dépendance, la cigarette est liée à l’idée de révolte et de désir.
Selon l’auteur, « la cigarette a toujours été associée à la transgression, c’est-à-dire à la liberté. Pour donner un exemple, un enfant qui se rebelle contre ses parents fume. Il y a aussi l’apparition de la cigarette en politique comme par exemple avec les manifestations féministes aux États-Unis, les femmes se sont mises à fumer, sachant que jusqu’ici elles étaient exclues de la cigarette, c’était alors un véritable marqueur de liberté ».
•• Nathan Devers développe également une réflexion sur l’histoire de la cigarette et son imaginaire. Qu’est-ce qui distingue le fumeur mondain du fumeur invétéré ? Comment expliquer que les écrivains, si loquaces lorsqu’il s’agit de parler des drogues ou de l’alcool, aient accordé si peu de place à la cigarette ? Existe-t-il pour autant un espace fumeur de la littérature ?
C’est un tel espace que l’auteur s’emploie à construire, en faisant dialoguer quelques fumeurs mythiques, de Michel Houellebecq à Pierre Louÿs en passant par Italo Svevo, Roland Barthes et un certain Maurice de Fleury.
•• À l’heure où la cigarette fait l’objet de toutes les interdictions, ce livre n’est ni une apologie du tabac ni un traité hygiéniste, mais un hommage, teinté d’humour et de mélancolie, adressé à cette « espèce en voie de disparition » qu’incarnent les fumeurs, conclut la notice de l’éditeur.