Bruno Ligiot (voir 18 mars et 1er février 2023 est le nouveau directeur du service garde-côtes des Douanes de Méditerranée. Sa priorité : la lutte contre le trafic de drogue, la contrebande de cigarettes et le blanchiment d’argent notamment dans le port de Marseille.
Interview dans La Provence.
La Provence : Vous êtes depuis mai directeur du service garde-côtes des Douanes de Méditerranée. Quelles sont vos priorités ?
Bruno Ligiot : Nous allons nous recentrer sur notre vocation première, la lutte contre les grands trafics et la criminalité organisée, c‘est-à-dire le trafic de stupéfiants, le trafic de cigarettes et les infractions financières derrière lesquelles se cache souvent du blanchiment d’argent.
Les ports de Marseille et Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône et Sète dans l’Hérault sont les portes d’entrée vers l’Europe pour les trafiquants. Ce sont par ailleurs deux sites propices aux trafics. Marseille, notamment, est un port très poreux, situé en centre-ville, donc difficile à surveiller, sur lequel nous allons concentrer une partie de nos efforts.
La Provence : Concrètement, comment allez-vous faire ?
Bruno Ligiot : Nous allons travailler différemment : mieux utiliser nos moyens aériens et maritimes, plus préparer nos opérations en amont avec les services de renseignements, coopérer davantage avec nos homologues européens, notamment espagnols et italiens et renforcer nos partenariats avec la Marine nationale, la Gendarmerie maritime et la Douane terrestre (…)
Par ailleurs, parce que la délinquance ne cesse de changer de visage, nous allons aussi faire monter en compétences nos 300 agents présents sur le littoral méditerranéen, de la frontière italienne à la frontière espagnole (…) La commission d’enquête du Sénat sur l’état du narcotrafic a dressé en mai le portrait d’un pays submergé par ces marchés criminels, Marseille l’étant tout particulièrement. La Méditerranée demeure une plaque tournante (…)
La Provence : Marseille, notamment le quartier Noailles, est inondée de cigarettes de contrebande. Ce trafic est-il en pleine expansion ?
Bruno Ligiot : C’est un véritable fléau. Le tabac de contrebande arrive par voie terrestre, mais aussi par voie maritime. Marseille est un des ports d’entrée en Europe des cigarettes de contrebande.
Ce tabac vient des pays du Maghreb via les ferries.Il est transporté par des passagers véhiculés mais aussi par des membres de l’équipage. C’est là que nous intervenons en fouillant les bateaux ; le tabac étant souvent dissimulé dans les faux plafonds, la salle des moteurs, etc.
Le tabac arrive aussi par conteneurs, en général d’Asie, et plus particulièrement de Chine. Il s’agit alors souvent de cigarettes de contrefaçon dans lesquelles on retrouve de tout : des produits chimiques, des excréments, etc. Nous allons multiplier dans les mois à venir les opérations à Marseille, Fos, Sète (…)