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18 Jan 2022 | Associations
 

« C’est le pot de tabac contre le pot de terre ». franceinfo a poussé la porte du Comité national contre le Tabagisme suite à la condamnation fin 2021 de trois industriels du tabac pour publicité illégale (voir 15 et 4 décembre, 8 octobre 2021).

Extraits du reportage sur le « combat d’une petite association d’une trentaine de personnes » …

Les bureaux du CNCT sont situés à Paris, au quatrième étage d’un immeuble industriel. Dans le hall d’entrée, il faut bien chercher pour les trouver car l’association évite la publicité. En effet, ses locaux ont déjà été cambriolés. Tout tient en quatre bureaux : deux sont attribués à l’Alliance contre le Tabac, qui regroupe une vingtaine d’associations dont le CNCT, un pour le Droit des non-Fumeurs (DNF), une association fondée en 1973, et le dernier pour le CNCT.

•• « Il n’y a pas vraiment d’effervescence », reconnaît Amélie Eschenbrenner, porte-parole du Comité national contre le Tabagisme.

Le télétravail, nécessaire en temps de Covid-19, en est l’une des explications mais pas la seule. « Ça peut paraître étonnant avec les actions qu’on peut entreprendre et les résultats qu’on a pu avoir : on s’attend à toute une machinerie organisée. On est organisés mais on n’est pas très nombreux au quotidien ».

Au sein du CNCT, on trouve essentiellement des médecins. C’est d’ailleurs un pneumologue qui préside l’association depuis vingt ans. « On ne compte pas les heures ! Et il ne s’agit pas de deux heures par jour … », glisse le professeur Yves Martinet. Autour de lui, il y a essentiellement des médecins mais aussi un spécialiste du marketing, un économiste, un juriste … « On est une petite équipe mais on travaille énormément avec nos collègues au niveau européen et international », se félicite Emmanuelle Béguinot, la directrice du CNCT.

« Quand des dispositions sont adoptées dans un pays, il y a une sorte d’effet domino qui opère ensuite. Par exemple, l’Australie a été le premier pays à adopter les paquets neutres, juste avant la France. On s’est donc beaucoup appuyés sur nos collègues australiens pour la mise en œuvre du dispositif ».

•• Dans le viseur du Comité national contre le Tabagisme, les « nouveaux terrains de jeu » des multinationales du tabac. Depuis que les ventes de cigarettes diminuent, ils se reportent sur la cigarette électronique et le tabac à chauffer.

« L’arrivée de ces nouveaux produits de tabac chauffé est en effet une vraie menace supplémentaire de santé publique », confirme Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le Tabac . « C’est un produit qui se défait de quelques désavantages du tabac – notamment visuels ou odorants – pour en garder toute la nocivité et l’addiction ».

Les industriels visent donc les jeunes, identifiés comme de potentiels futurs consommateurs de tabac, en faisant la promotion de leurs produits sur les réseaux sociaux. Or, cette publicité est interdite par la loi Évin et le code de Santé publique. Le CNCT se lance donc dans le combat judiciaire avec … un seul avocat. Il vient de remporter trois victoires : contre Philip Morris, Japan Tobacco et British American Tobacco.

•• Cependant, les condamnations sont symboliques et les peines relativement faibles – 75 000 euros d’amende – au regard des revenus de l’industrie du tabac. « Les industriels se moquent un peu des condamnations pénales. Ils ont déjà intégré ce risque pénal dans le cadre de leurs stratégies », déplore maître Hugo Lévy, « une condamnation d’un tribunal correctionnel, en France, c’est assez peu de choses ».

Dans ces conditions, le rôle de l’avocat est plus souvent de « limiter le déploiement de cette publicité offensive », selon ces propres mots. Maître Lévy assure d’ailleurs se sentir un peu seul pendant les audiences, affirmant que le plus souvent il n’a pas l’appui du Parquet (…)