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30 Juin 2020 | Observatoire
 

En l’espace de six mois, les connaissances scientifiques sur le Covid-19 n’ont cessé d’évoluer, alors que les études se sont multipliées. Parfois polémiques …

De l’étude menée par la Pitié Salpêtrière sur un possible effet bénéfique de la nicotine (voir 22 avril) à celle publiée dans l’European Heart Journal estimant les risques liés au tabagisme plus élevés (voir 29 juin), L’Express fait le point sur le lien entre tabagisme et Covid-19. Extraits.

•• Les fumeurs ont-ils plus de risques d’avoir des symptômes plus graves ?

C’est ce qui ressort de la dernière étude publiée. « Nous savons que le récepteur ACE2 est la porte d’entrée du Covid-19 dans les cellules, et on le retrouve à la surface des poumons (l’épithélium) et à l’intérieur des surfaces vaisseaux sanguins (cellules endothéliales). Des chercheurs suisses ont découvert qu’une infection au Covid-19 peut causer une inflammation de l’endothélium.

« Cela peut être aggravé si vos poumons et vaisseaux sanguins sont déjà endommagés du fait que vous fumez » explique auprès de L’Express Thomas Muenzel, directeur du Centre de cardiologie du Centre médical universitaire de Mayence et co-auteur de l’étude.

Les fumeurs sont donc plus exposés au risque de développer une forme grave de la maladie et donc, à partir de ce moment, de mourir du Covid-19.

Ce que confirme Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France : « Ce dont je suis certain, c’est que les fumeurs qui sont en réanimation ont un taux de décès supérieur aux autres (…) Il y a déjà une atteinte pulmonaire du virus, et en plus si on arrive sur des poumons déjà un peu sclérosés par le tabac, c’est clair que ça n’arrange pas les choses ».

•• Les fumeurs ont-ils plus de risques d’être contaminés ?

Ce point est moins clair. Selon plusieurs professionnels de la santé interrogés, « les données sont assez variables sur ce sujet » et il est donc difficile de tirer des conclusions. Les chercheurs derrière l’étude du European Heart Journal soulignent cependant que les consommateurs de tabac (cigarettes, cigares, pipes à chicha, etc.) sont « sans doute plus vulnérables » face à la maladie.

•• La nicotine n’a donc pas de vertus protectrices ?

Dans l’étude du European Heart Journal, ce sont surtout les risques de développer des symptômes graves qui sont mis en avant, sans mention des possibles vertus protectrices de la nicotine. « Malgré les éléments qui suggéraient que la nicotine diminuait l’entrée du coronavirus dans les cellules humaines, les auteurs suggèrent que les risques sont largement supérieurs au bénéfice supposé » commente Jean-François Timsit, chef du service de réanimation médicale et des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris, ayant consulté cette étude.

Il ajoute néanmoins : « Dans les cas graves, il semble qu’il y ait moins de fumeurs que dans la population générale. La nicotine a l’air d’avoir une interférence avec le récepteur du virus dans la cellule, et donc diminue la multiplication du virus. »

Pour autant, selon lui, pas question de faire passer le message que la nicotine protégerait de la maladie, du fait des complications cardiovasculaires et d’anomalies de la paroi des vaisseaux liées au tabagisme et au Covid-19 (effets cumulatifs).

•• Quid des vapoteurs ?

L’étude du European Heart Journal est assez claire sur ce point : au même titre que la cigarette, vapoter ou fumer la chicha comporte des risques importants.

Par exemple, le risque d’un raidissement des artères est accru de près de 10 % avec les cigarettes, de 9 % avec les chichas et de 7 % avec les cigarettes électroniques. Dans la plupart des autres cas (cancer du poumon, infarctus du myocarde, …) les risques sont aussi fortement multipliés, ce qui signifie que ces autres formes de tabagisme accroissent aussi les risques de développer des formes graves du Covid-19.

À suivre … avec d’autres études.