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1 Juil 2020 | Observatoire
 

Durant le confinement, 9,8 % des achats de produits alimentaires – comme de grande consommation – ont été réalisés en ligne, contre 5,7 % sur toute l’année 2019. Grandes enseignes, PME et plates-formes tablent sur un maintien de cette dynamique. Qu’en est-il exactement ? 

Des faits pour réfléchir.

•• D’après une étude de Médiamétrie pour la Fevad (Fédération du E-Commerce et de la Vente à Distance), parue le 28 mai, les trois quarts des cyberacheteurs pensent que les commerces de proximité devraient offrir la possibilité de commander sur Internet. C’est encore loin d’être le cas.

Le rapport DESI 2019 sur le numérique, établi par la Commission européenne, montre qu’en 2018, 17 % seulement des PME vendaient par ce canal dans l’Hexagone. Cette part grimpe à 25 % pour les commerces. Les convaincre de se jeter à l’eau s’annonce donc comme la grande bataille de « l’après », analyse un dossier du Monde.

•• L’enseigne Carrefour l’a bien compris. Elle lance, ces jours-ci, une offre de produits régionaux, de produits du monde et de produits du terroir regroupée sur une place de marché qui démarrera avec une centaine de marchands.

Ce renforcement de la concurrence autour du « made in France » a été anticipé aussi par Cdiscount, qui consacre un espace à part entière à cette thématique depuis février : plus de 600 marchands l’ont rejoint pendant le confinement.

•• Amazon n’hésite pas à jouer la carte tricolore pour redorer son image : sa Boutique des Producteurs, lancée en 2018, regroupe aujourd’hui 300 PME françaises et 7 000 références qui vont du chou-fleur de la coopérative Prince de Bretagne aux pâtés de Ducs de Gascogne. Le 15 mai,  le directeur de la place de marché d’Amazon indiquait que le nombre de demandes de souscription de nouveaux producteurs était dix fois plus important depuis mi-mars qu’en début d’année.

•• Pour Charlotte Journo-Baur, fondatrice de Wishibam, spécialiste de la numérisation des points de vente, « interdire Amazon ou lui mettre des bâtons dans les roues ne sert à rien, il faut plutôt démontrer que le commerce physique et local peut être plus fort avec le digital ».

En partant de son stock disponible, un point de vente peut livrer, dans l’heure si besoin : un avantage compétitif sur lequel s’appuie sa société pour développer des plates-formes locales à Nice, Antibes, Le Mans et Angers.

•• Shopify, une société canadienne à l’origine d’une solution de création et de gestion de boutiques en ligne, n’hésite pas à se présenter, pour sa part, en sauveur des marques et commerces indépendants. De nombreux commerces qui ne voyaient pas la pertinence de se lancer avant la crise auraient en tout cas sauté le pas.

En avril, le nombre de créations de boutiques Shopify a bondi de 82 % par rapport à mars.

À l’agence de conseil en numérique Artefact, Vincent Luciani, le directeur général, confirme la tendance : « nous avons reçu des demandes d’entreprises de taille moyenne qui voulaient vendre en ligne, et surtout via les grandes places de marché, parce que c’est plus rapide à mettre en place ».

•• Google et Facebook n’ont pas l’intention de regarder passer la vague.

Mark Zuckerberg dit s’être impliqué personnellement pour accélérer le développement de Shops, lancé le 19 mai. Cette solution propose aux entreprises de présenter et vendre gratuitement leurs produits sur Facebook et Instagram.

Pendant ce temps, Google France a proposé aux commerces et restaurants d’enrichir les informations contenues dans leur profil sur le moteur de recherche ou sur Google Maps, en précisant, par exemple, « drive disponible » ou « livraison sans contact ». Une réponse aux requêtes des internautes.

« Le moteur de recherche de notre plate-forme est de plus en plus un endroit où les internautes se rendent avec une intention d’achat : ce genre de trafic orienté « shopping » a doublé en deux ans, notre but est d’y répondre » indique François Loviton, responsable du secteur commerce chez Google France.

•• En parallèle, les partenariats stratégiques vont se multiplier, prédit Thomas Husson, analyste principal au cabinet Forrester Research : « on va aller chercher à l’extérieur les compétences qui font défaut pour contrôler l’expérience client de bout en bout, de la création du produit à son utilisation, en passant par la livraison ». »

Le groupe Casino vient d’élargir à toutes ses enseignes (dont Monoprix, lié à Amazon) son accord avec Deliveroo.

Pendant la crise sanitaire, Carrefour, déjà associé à Glovo, s’est rapproché d’Uber Eats.  Mardi 16 juin, l’enseigne annonçait son alliance avec Google en vue du lancement, en France, d’une « nouvelle expérience d’e-commerce à la voix » disponible sur les smartphones, ainsi que sur les enceintes vocales et écrans connectés compatibles avec l’Assistant Google.

•• Reste qu’avec un poids du e-commerce dans le commerce de détail limité à 10 % en France – contre 16 % aux États-Unis – il est difficile de se passer totalement de points de vente physiques.

C’est ce que semble d’ailleurs penser Amazon : l’entreprise de Jeff Bezos souhaite implanter rapidement ses supérettes sans caisse Amazon Go dans l’Hexagone…