Dans la dernière édition de sa publication destinée aux entrepreneurs, la CCI Corse accueille un entretien avec José Oliva (président de la fédération des buralistes de Corse et administrateur de la Confédération) qui fait le point sur la Transformation (voir 22 août 2022) parmi ses 215 collègues de l’Ile-de-beauté (voir 2 mai 2022, 17 décembre 2021).
• À ce jour, un tiers des buralistes de Corse ont sollicité le Fonds de Transformation : ça vous paraît satisfaisant ?
José Oliva : D’ici la fin de l’année, je pense qu’une centaine de bureaux de tabacs en auront bénéficié. La Corse est d’ailleurs en tête des régions de France à s’engager dans cette transformation et nous négocions avec le gouvernement la prolongation du dispositif.
• Des buralistes n’ont pas la superficie suffisante pour ça. Ils seront laissés au bord du chemin ?
José Oliva : Plusieurs dans ce cas ont investi dans de belles vitrines pour rendre leur enseigne plus attractive et repenser leur offre, par exemple avec des caves à cigares car le cigare est revenu à la mode.
• Le rôle de la CCI de Corse a-t-il été déterminant dans la mesure où elle a d’emblée proposé la gratuité des audits ?
José Oliva : Ce cadeau que nous fait la CCI de Corse a été salué par le président de la Confédération nationale et il explique en partie le succès du dispositif chez nous. Nous tenons à remercier vivement le président Dominici et son équipe pour cette initiative, tout à fait déterminante, mais aussi pour la qualité globale de l’accompagnement des buralistes corses.
• Cette évolution est-elle plus importante qu’ailleurs dans la mesure où la Corse a perdu son avantage fiscal sur le prix du tabac ?
José Oliva : Nous y sommes préparés depuis longtemps et je ne pense pas que le maintien d’un avantage fiscal, rogné au fil des années, aurait dissuadé beaucoup de nos adhérents à s’engager dans une démarche de transformation. Mais on en mesurera plus précisément l’impact à la fin de la saison, particulièrement dans nos régions très touristiques comme la Balagne et l’Extrême-Sud.
• Quelles sont les nouvelles habitudes des consommateurs qui justifient la Transformation ?
José Oliva : Le tabac demeure le premier poste de l’activité mais le chiffre d’affaires se fait aussi avec la Française des Jeux et le relais colis. À titre personnel, je reçois entre 100 et 120 colis par jour et plus de 150 en périodes de fêtes. Les buralistes font désormais l’encaissement des impôts, des factures d’eau, d’électricité, de téléphone et même des frais hospitaliers. Nous nous sommes aussi insérés dans les circuits courts en proposant les produits des artisans proches de nous.
• L’offre est-elle différente entre les villes et le rural ?
José Oliva : La différence est grande et en ma qualité d’élu national en charge de la ruralité, j’ai sollicité les Associations des maires de Haute-Corse et de Corse-du-Sud afin qu’elles apportent une aide supplémentaire.
Les buralistes ruraux, plus âgés, sont réticents à investir. Or, la fermeture des bureaux de poste et des trésoreries les rend encore plus utiles à la population. Y compris pour faire des photocopies, remplir des formulaires administratifs, favoriser l’accès à internet et envoyer des courriels, etc. Dans les villages, le soutien des maires est indispensable. Avec le bar, le buraliste est le dernier espace social fort qui reste.
• Buraliste en Corse, ça reste un métier d’avenir ?
José Oliva : Je veux le croire parce que c’est un beau métier. Lorsqu’il y a des cessions, il ne manque jamais de jeunes candidats à la reprise. Un signe qui ne trompe pas.