Le nouvel avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur la cigarette électronique, publié ce mercredi 24 février, ne mettra pas fin aux débats passionnés sur les vertus ou les dangers du vapotage, estime le quotidien Le Monde dans son édition datée du 25 février.
• Saisie en octobre 2015 par le gouvernement pour savoir si sa position sur la place de l’e-cigarette dans le sevrage tabagique avait évolué depuis son précédent avis – très réservé – d’avril 2014, l’instance consultative reconnaît, dans un premier temps, que la cigarette électronique peut être considérée comme un « outil d’aide au sevrage tabagique » pour les personnes qui veulent arrêter leur consommation de tabac ou un « outil de réduction des risques du tabagisme », au moins à court terme, pour les personnes qui ne continuent pas de fumer des cigarettes.
• Mais, dans un second temps, le HCSP recommande que son usage soit interdit dans tous les lieux collectifs fermés, y compris les cafés, bars, restaurants et discothèques. Une position bien plus radicale que celle prévue par le ministère de la santé.
• La démarche du Haut Conseil se veut aujourd’hui pragmatique, explique le quotidien. Il tire d’abord un bilan sévère des rares travaux scientifiques sur l’efficacité de l’e-cigarette dans le sevrage tabagique. Aucun ne permet, selon lui, d’établir une « supériorité radicale » de l’e-cigarette par rapport aux patchs, ni même de trouver une « différence significative » par rapport à une abstinence de six mois.
Le Haut Conseil aurait pu choisir de s’arrêter là et en rester à son précédent avis de 2014. Mais cette fois, il fait le pari de se fier aux « opinions très favorables des professionnels de santé » sur le sujet (voir Lmdt du 28 octobre 2015). « Tous les signaux qui remontent du terrain apparaissent convergents en contredisant, ou tout au moins en relativisant, les conclusions scientifiques », souligne ainsi l’avis.
• Mais pour éviter que l’e-cigarette ne contribue à « renormaliser » la consommation de tabac, et « même si le vapotage passif ne présenterait pas ou peu de risque », le HCSP recommande donc d’étendre l’interdiction de vapoter dans « les lieux de travail fermés et couverts à usage collectif » aux cafés, bars et restaurants. Alors que la direction générale de la santé avait assuré, au quotidien en janvier, que le décret d’application qui devrait paraître d’ici à la fin mars ne prévoirait pas une interdiction de vapoter dans ces lieux. Une décision conforme à l’avis du Conseil d’Etat d’octobre 2013, qui avait jugé « disproportionnée » une « interdiction –générale » de l’e-cigarette (voir Lmdt du 9 février).
Toujours selon Le Monde, l’objectif du HCSP est de réduire la prévalence du tabagisme, élevée en France. Alors, pour sortir de cette contradiction, le HCSP préconise, dans le sillage de l’Académie nationale de médecine en mars 2015, la mise en place d’une « cigarette électronique médicalisée », qui serait prescrite comme outil de sevrage tabagique, remboursée au même titre que les substituts nicotiniques et vendue en pharmacie.
Une façon de distinguer deux types d’utilisateurs d’e-cigarette : ceux qui veulent s’en servir pour arrêter de fumer et ceux qui en assument un usage « récréatif » sur le long terme.