Après plusieurs années de baisse, le nombre de fumeurs s’est stabilisé en 2020. Et il y a aujourd’hui deux fois plus de fumeurs quotidiens parmi les personnes les plus défavorisées, selon les chiffres publiés par Santé publique France (voir 26 mai).
« Il faut qu’on ait le courage d’analyser froidement cette stabilisation qui n’est pas bonne et probablement axer une politique sur les personnes vulnérables et sur les personnes nouvellement touchées par la consommation, comme les femmes et les jeunes » a réagi sur Franceinfo Amine Benyamina (psychiatre, addictologue et président de la Fédération française d’addictologie / voir 27 janvier 2020, 15 octobre 2018).
•• Est-ce que cela montre les limites de la politique de hausse des prix, par exemple ? « C’est possible » estime-t-il, « mais cela dit, lorsque l’addiction est installée, la notion de prix n’a plus de sens. La politique des prix est une politique qui évite à de nouvelles populations de rentrer dans la consommation du tabac et pénalise ceux qui ne sont pas totalement dépendants du tabac de maintenir leur consommation. Donc, on doit inventer autre chose pour ce type d’accident épidémiologique ».
•• « La première des choses, c’est d’abord de débusquer la présence des lobbies. Le lobby du tabac a été redoutablement efficace et s’est adapté à toutes les politiques de prévention et de lutte qu’on a mises en place. Il faut aussi essayer de voir comment ce lobby se régénère à travers de nouvelles formes de tabac. »
•• « Le tabac et l’alcool tuent tous les ans, en France, 120 000 personnes. C’est un Covid par an. C’est un Covid qui ne se transmet pas par la salive, mais qui peut s’éviter. Donc, il faut toujours avoir en tête ce type de raisonnement parce qu’on peut y faire quelque chose. C’est ce qu’on appelle les facteurs modifiables. On peut modifier le destin des personnes si on arrive à avoir les bons gestes ».