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16 Mai 2021 | Profession
 

Au Creusot, cinq buralistes sur les dix existants commercialisent des produits à base de CBD. Les autres y renoncent regrettant un cadre réglementaire trop « flou ». 

Le Journal de Saône-et-Loire les a approchés et a sollicité l’avis de Philippe Coy.

Des sachets de CBD … Ce produit a fait son apparition dans certains débits de tabac de Saône-et-Loire, comme ailleurs. Pour la plupart, ils se sont lancés à la suite d’une forte demande des consommateurs. À ce jour, aucune boutique spécialisée n’a ouvert dans la ville contrairement à Montceau-les-Mines, Cluny, Louhans, Chalon-sur-Saône.

•• « Plusieurs personnes m’ont demandé. Je me suis renseigné auprès de mes fournisseurs et je me suis dit, pourquoi pas » confie l’un d’entre eux. « On touche une marge sur ces produits » confie une consoeur, « j’en vends surtout les week-ends. Ça peut être 10, voire 15 personnes qui viennent en chercher les samedis et dimanches. » Ces clients seraient plutôt âgés entre 40 et 55 ans.

Les buralistes ayant accepté de répondre au quotidien se fournissent auprès de grossistes avec lesquels ils ont l’habitude de travailler, mais se disent « harcelés » par diverses entreprises commercialisant du CBD. À ce titre, des agents de la Douane auraient réalisé des saisies de produits de CBD dans un bureau de tabac au Creusot, qui ne respectait pas la réglementation.

Concernant la législation liée au CBD, les buralistes qui n’en commercialisent pas considèrent justement qu’elle est trop floue et ne savent pas si c’est légal ou pas. « Je ne veux pas m’exposer à un risque de fermeture administrative », souligne l’une d’elle.

•• « Il y a un laxisme de la part des autorités » répond Philippe Coy au Journal de Saône-et-Loire (…) 

« Il y a un vide juridique et un manque de cohérence des pouvoirs publics. Seuls les liquides de synthèse sont légaux aujourd’hui. Je ne peux pas aller au-delà du droit français tel qu’il est dans les textes. La dérive aujourd’hui est un marché non-encadré. Beaucoup de produits sont commercialisés et très proches de ce que l’on appelle du cannabis. Tous les produits issus des sommités de chanvre sont interdits à la vente », rappelle-t-il en se basant sur l’arrêté du 22 août 1990. C’est d’ailleurs cette disposition qui fait l’objet d’un recours devant le Conseil d’État dans l’objectif d’abroger le texte ou de le réviser.

« Je suis pour la vente de ce produit, dans un cadre sécurisé et encadré à la fois pour les clients ou les professionnels. Il faut que la justice tranche et aujourd’hui la question ne l’est pas. Certains marchands contournent la réglementation dans l’utilisation du produit en les présentant comme des infusions ou des pots-pourris (des encens, NDLR). Le vide juridique est pesant. J’appelle à la plus grande prudence. »