
Lancée jeudi 11 septembre, cette plateforme met en relation des automobilistes avec des passagers pour partager les frais d’une excursion transfrontalière pour faire le plein de tabac, d’alcool et de nourriture moins chers. Surveillée par la Douane, elle est fustigée par les buralistes.
C’est ainsi que débute un article du Figaro (de Thibault Déléaz) sur un sujet que nous avons déjà présenté à nos lecteurs (voir les 11 et 14 septembre).
Comme un pied de nez aux autorités de santé publique françaises.
La plateforme Carklop, lancée jeudi 11 septembre, propose des trajets en covoiturage… pour aller faire ses achats à un prix plus avantageux de l’autre côté de la frontière. Comme son nom l’indique, le site promeut notamment l’achat de tabac bon marché à l’étranger, où il est moins taxé qu’en France, mais aussi d’alcool, de denrées alimentaires ou de produits d’hygiène.
Une pratique déjà courante chez les frontaliers, que la plateforme souhaite démocratiser, en proposant à ses clients de partager les frais du trajet.
Contrairement à une plateforme de covoiturage classique, où l’on réserve un aller simple, on réserve ici une excursion avec aller-retour et temps sur place fixé à l’avance. Parmi les annonces en ligne, la plupart sont des courts trajets transfrontaliers, mais certains vont jusqu’à proposer d’aller à Vintimille (Italie) depuis Lyon, soit un voyage de près de 5h30 rien que pour l’aller.
Son fondateur, Philippe Poulard, explique sur son site avoir eu cette idée après avoir découvert la différence de prix des cigarettes entre la France et l’Allemagne depuis qu’il vit près de la frontière. Il assure pourtant que sa plateforme « ne fait la promotion d’aucun produit » mais « donne simplement aux consommateurs les moyens de ne plus se faire matraquer financièrement pour des choix personnels ».
Sans surprise, la plateforme fait bondir les buralistes français, déjà vent debout contre les achats de frontaliers dans les pays voisins, qu’ils considèrent comme de la concurrence déloyale.
La Confédération des buralistes a dit sa « stupeur » dans un communiqué, dénonçant une initiative « visant à contourner les enjeux de santé publique et par la même occasion déréguler les marchés ».
Contactée par Le Figaro, la Douane confirme « s’intéresser à ce site au regard du respect de la réglementation sur le transport des tabacs en provenance d’un autre État membre », mais n’y voit toutefois rien d’illégal, la plateforme précisant bien la réglementation applicable et renvoyant vers le site des autorités.
Les covoitureurs peuvent toutefois être contrôlés au même titre que tous les automobilistes qui traversent la frontière, même dans l’espace Schengen. Si l’on peut, depuis 2024, rapporter quatre cartouches de cigarettes par personne de l’étranger – au lieu d’une auparavant – la règle est, dans le détail, assez subtile.
« En effet, la quantité de quatre cartouches n’est qu’un critère parmi les 12 fixés par décret pour déterminer s’il s’agit d’un transport pour besoins propres ou pour une finalité commerciale et donc taxable », précise la Douane.
Le mode de transport utilisé peut aussi être pris en compte par les agents pour apprécier le caractère personnel de l’achat, et il faut pouvoir prouver en cas de contrôle que l’on achète pour sa consommation personnelle uniquement.




