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19 Avr 2021 | Observatoire
 

Dans un entretien exclusif au Figaro, ce matin, le Président de la République évoque le sujet général du trafic des stupéfiants et ses conséquences en matière d’insécurité.

On ne pourra s’empêcher d’y voir un signe en matière d’évolution de la législation sur le cannabis récréatif (voir 18 avril, 15 et 2 mars), un grand débat sur la consommation de la consommation de drogue est évoqué. Extrait de l’interview portant sur ce point …

• Emmanuel Macron : (…) nous avons ensuite décidé d’accentuer notre action contre les trafics de stupéfiants, qui explosent. Christophe Castaner, Laurent Nuñez ont lancé ce travail ; Gérald Darmanin l’a décliné sur tout le territoire national. Ces trafics forment la matrice économique de la violence dans notre pays. Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout. 

• Le Figaro : L’éradiquer, mais comment ?

• Emmanuel Macron : Après avoir créé un Office anti-stupéfiants particulièrement puissant, nous passons à la vitesse supérieure : harceler les trafiquants et les dealers. Sur les 4 000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1 000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie !

Autre instrument : 70 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre dernier. Ça veut dire quelque chose de clair : si vous vous faites prendre comme consommateur, vous savez que vous allez devoir payer et que vous n’allez pas y échapper. Ça change le rapport de force.

En agissant à tous les niveaux : le grand trafic, le petit deal, la consommation, nous sommes en train de porter un coup profond aux trafics.

• Le Figaro : Et pourtant, il existe toujours en France des zones de non-droit où prospèrent les dealers, mettant en échec votre stratégie de « reconquête républicaine des quartiers »?

• Emmanuel Macron : Je suis lucide et je regarde la réalité en face : depuis plus de trente ans, certains quartiers et certaines rues sont devenus invivables pour nos concitoyens, et notamment pour les plus modestes, les plus fragiles : la personne âgée qui va faire ses courses, la femme qui rentre seule le soir du travail. Non. Ce n’est pas l’idée que je me fais de ce que la République doit aux Français. 

Je tiens à ce que la police aille partout, en particulier dans les zones où s’est installée une délinquance chronique, et elle le fait. C’est pour cela que nous avons ciblé 62 quartiers de reconquête républicaine, dont 58 ont déjà été mis en place, qui captent l’essentiel des renforts en sécurité publique. La Goutte-d’Or, à Paris, ou Lille-Sud sont ainsi devenus des quartiers témoins, où nous avons injecté des moyens massifs pour changer en profondeur le quotidien de nos concitoyens. On doit franchir encore des étapes.

• Le Figaro : C’est-à-dire ?

• Emmanuel Macron : J’évoquais les amendes forfaitaires pour sanctionner la consommation. Je crois qu’il faut aller encore plus loin, provoquer une prise de conscience. À l’inverse de ceux qui prônent la dépénalisation généralisée, je pense que les stups ont besoin d’un coup de frein, pas d’un coup de publicité. Dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge. Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu’ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances ? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures.

La France est devenue un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou, lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères. Ceux qui prennent de la drogue – et cela concerne toutes les catégories sociales – doivent comprendre que non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics. On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité (…) ».