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18 Avr 2021 | Observatoire
 

Rapporteure thématique « cannabis récréatif «, dans le cadre de la mission d’information parlementaire sur le cannabis – qui a déjà sorti ses rapports « cannabis thérapeutique » (voir 17 septembre 2020) et « CBD » (voir 12 février 2021)- la députée LREM du Loiret rendra son rapport sur le volet récréatif début mai.

Elle souhaite que ce sujet soit débattu lors de la campagne de l’élection présidentielle 2022 et porté, dans l’absolu, par le président de la République Emmanuel Macron. Comme elle le détaille dans une interview à La Montagne. Extraits.

•• « Dans le rapport, on va mettre deux choses. On va faire d’une part un constat de la situation qui prévaut en France depuis 50 ans et donc ce que la prohibition a eu comme effets sur le plan de la consommation, et on peut voir qu’elle augmente, qu’elle est parmi les plus importantes d’Europe et qu’elle continue d’augmenter. Il y a un consensus sur le fait que notre politique publique actuelle n’est pas efficace. 

« Et dans un second temps, on va faire quelques propositions d’évolutions. On va plutôt en effet vers des propositions de légalisation.

•• « Mais la question, c’est de savoir comment on légalise. Avec quelle présence de l’État ? Est-ce qu’on va vers un modèle très régulé avec éventuellement un monopole public comme l’Uruguay ou comme la province canadienne du Québec ? Ou vers un modèle plus libéral comme la Californie ? Ce qu’on va proposer dans notre rapport, c’est une série de modèles et d’outils de politiques publiques, par le niveau de taxes, de prélèvements obligatoires, le prix du gramme de cannabis, le mode à la fois de production et de distribution de cannabis…

« Et ces différents outils et modèles répondent à autant d’objectifs. C’est pas le même modèle si l’on veut assécher le marché noir, faire baisser l’insécurité, que si l’on veut faire baisser la consommation, notamment celles des jeunes. On va faire une série de propositions en fonction du choix politique, de l’objectif que l’on se fixe en priorité.

•• « (…) À ce stade, contrairement à d’autres sujet, il n’y a pas de consensus suffisant au sein de la classe politique. Mon objectif politique, et il est partagé par un certain nombre de mes collègues de la mission d’information, c’est vraiment de mettre le sujet sur la table en 2022. Qu’on ait un certain nombre de candidats qui se positionnent sur ce sujet. Évidemment, pour ma part, je souhaite qu’Emmanuel Macron se positionne sur ce sujet-là

« Des gens comme Rodin Reda (voir 19 novembre 2020) travaillent au sein de leur famille politique. Surtout qu’on sorte de cette approche dogmatique et idéologique qui fasse de la question des drogues et en particulier du cannabis une question de morale.c

•• (…) « Il y a déjà beaucoup d’États européens qui ont franchi le pas, dont certains depuis 20 ans, comme le Portugal avec la dépénalisation. On voit bien que c’est un sujet qu’on ne pourra plus éviter. Et il vaut mieux le prendre, je dirais, le regarder en face, que de faire un vote trop rapide et qui ne permette pas à la filière de s’organiser.

••(…) Dans quelques années, on peut imaginer une filière française de cannabis récréatif. On est en capacité de produire du chanvre (la France est le premier producteur européen) pour les usages BTP, textile et autres. On a un certain nombre d’agriculteurs qui sont prêts mais qui prennent déjà du retard sur le chanvre médical. On se trouve dans l’obligation d’importer parce que notre législation est tellement contraignante qu’elle ne permet même pas de le produire dans le cadre d’une expérimentation.

•• « On a tous les atouts pour aller là-dessus. On aussi des capacités d’extraction, on a une industrie sur la parfumerie qui nous permet d’avoir tout un tas de composés sous formes d’huiles ou autres. On a ce qu’il faut d’un point de vue économique pour structurer notre filière. On est déjà en retard sur le chanvre thérapeutique, où Israël a pris, dès les années 1990, le lead là-dessus avec un marché là encore à plusieurs milliards d’euros.

« Même si l’argument économique ne peut pas être, pour le coup, la raison d’un changement de législation. Ce sont vraiment les questions de la santé et de la sécurité qui doivent primer ».