Après des années de procédure, trois géants du tabac, Imperial Tobacco Canada (groupe BAT aux Canada ), JTI-Macdonald Corp. et Rothmans, Benson & Hedges (groupe PMI au Canada ), ont conclu une entente avec les provinces du pays et 100 000 plaignants canadiens qui prévoit le versement d’une amende de 32,5 milliards de dollars (voir 5 octobre 2020, 4 mars 2019, 12 décembre 2014).
C’est ainsi que débute une dépêche AFP que nous reprenons.
Les autorités provinciales, qui ont multiplié les procès contre les cigarettiers depuis près des trois décennies, se partageront l’essentiel du règlement, soit 24,8 milliards de dollars. Des victimes québécoises du tabac percevront, elles, 4,25 milliards de dollars et les autres provinces et territoires se partageront le solde. Ce règlement éteint toutes les poursuites juridiques passées contre les cigarettiers.
•• Non résolus depuis 1998, ces recours s’élevaient jusqu’à 500 milliards de dollars. Les autorités ont voulu faire payer les cigarettiers pour les coûts du tabagisme sur le système de santé. Selon l’association des médecins pour un Canada sans fumée (Physicians for a Smoke-Free Canada), 748 000 Canadiens sont morts des suites de leur consommation ou exposition au tabac depuis 1998.
Si l’arrangement semble historique, les médecins rappellent que les 666 milliards de cigarettes vendues au Canada depuis 1998 ont rapporté 72 milliards de dollars aux compagnies de tabac et que ces dernières ne paieront au final aux victimes que 40 % de ce que leur ont rapporté leurs ventes.
Et le bilan n’est pas meilleur pour ce qui est des coûts sanitaires liés au tabagisme. Entre les médicaments, les soins hospitaliers, les pertes de productivité et les programmes de lutte antitabac, le gouvernement fédéral dépense, bon an mal an, 13 milliards de dollars chaque année.
•• Les premières campagnes de sensibilisation contre les méfaits du tabagisme ont débuté dans les années 1960, suivies deux décennies plus tard par des interdictions de fumer dans des lieux publics. Le tabac est progressivement devenu « non grata », non seulement sur les lieux de travail mais aussi à proximité. Il est ainsi interdit de fumer sur un trottoir à moins de neuf mètres d’un bâtiment fédéral ou d’une école.
Au début des années 2000, la publicité pour le tabac a été interdite. À partir de 2009, les épiciers, principaux vendeurs de tabac, ont dû cacher dans des placards les paquets de cigarettes pour les rendre invisibles aux yeux des consommateurs et depuis cette année les cigarettiers doivent indiquer sur chaque cigarette au moins un danger lié à la consommation de tabac.
Le nombre de fumeurs, de l’ordre de 45 % de la population dans les années 1960, est tombé à 11 % aujourd’hui contre un quart des adultes en France, précise encore l’AFP.
Les jeunes fumeurs, devenus minoritaires, ne sont plus perçus comme un modèle par les autres adolescents. La « maudite boucane », la maudite fumée comme disent les Québécois, est presque aujourd’hui un mauvais souvenir dans le pays. Seuls 4,2 % des 15-19 ans (contre 24 % en 1994) et 7,7 % des 20-24 ans fument.
•• Le vice-président des affaires corporatives et réglementaires d’Imperial Tobacco Canada, Éric Gagnon, a déclaré à propos de l’entente, que son entreprise « travaille de bonne foi sous la direction du médiateur pour résoudre tous les litiges liés au tabac au Canada. ».
Imperial Tobacco a assuré dans un communiqué : « notre vision est celle d’un monde sans fumée fondé sur des produits sans fumée où, à terme, les cigarettes appartiendront au passé. Un monde où les fumeurs sont passés de la cigarette à des alternatives sans fumée. Un monde où les fumeurs optent pour mieux. »