Dans la dynamique de l’assemblée générale de la Fédération des buralistes de la Meuse, ce 24 novembre, L’Est Républicain fait le point avec François Mercier, son président.
• L’Est Républicain : Comment se porte la profession ?
•• François Mercier : Le marché du tabac n’est pas bon au niveau national, à cause d’un marché parallèle florissant, de la vente sur internet et venant des pays frontaliers ainsi que de la contrefaçon. L’assemblée générale s’est déroulée dans un contexte très particulier, avec un budget qui n’est pas encore voté.
On a pris une douche froide, car si l’Assemblée nationale n’a pas voté de nouvelles trajectoires fiscales sur le tabac, les sénateurs, malgré des prises de position publiques en faveur des buralistes, ont délibéré pour une augmentation du prix du tabac. Et pour le coup, ça passe mal ! (depuis cette augmentation a été retirée / ndlr).
• L’Est Républicain : Vous avez des chiffres ?
•• François Mercier : Entre janvier et septembre 2024 par rapport à la même période en 2023, le marché du tabac dans la Meuse représente -11,1 % en volume (-11,8 % au niveau national) et -2,5 % en valeur (-3 % au niveau national). Il faut savoir que le marché du tabac reste l’ADN du buraliste. Sur une journée, il représente entre 40 % et 50 % du chiffre d’affaires. Mais on est tous d’accord qu’en tant que produit sensible, sa vente doit bénéficier d’un encadrement spécifique.
• L’Est Républicain : Combien êtes-vous de buralistes en Meuse ?
•• François Mercier : On est 62 buralistes actifs avec une moyenne d’âge de 55 ans et 12 ans d’ancienneté. Et 52 % d’entre eux sont installés en zone rurale, ce qui signifie qu’ils ont un vrai rôle de proximité, de lien social. Ceux implantés en ville s’en sortent un peu mieux que ceux installés dans la campagne, confrontée à l’exode, à la disparition des services publics, à la baisse de flux. On essaie de s’adapter, d’être résilient.
Côté positif, il y a toujours le fond de Transformation qui existe pour les buralistes souhaitant rénover ou redynamiser leur établissement.
• L’Est Républicain : Pour s’en sortir, la diversification de l’offre de services est capitale…
•• François Mercier : C’est tout à fait ça. Il faut continuer à développer les services annexes, comme le Paiement de Proximité pour les impôts, taxes foncières, sur le revenu, factures d’eau, etc.
À Montmédy, dans mon établissement, on a par exemple des volumes de transactions qui ont doublé, parfois triplé ou quadruplé. 19 buralistes proposent aussi le service Nickel, une banque pour les personnes qui ne peuvent plus avoir de cartes bancaires. Sur le département, 44 buralistes sont équipés pour les Paiements de Proximité et 5 sont des Relais Poste.
• L’Est Républicain : Quels sont les enjeux pour 2025 ?
•• François Mercier : Sur la partie tabac, on insiste sur le moratoire fiscal, le temps que les pays voisins puissent ajuster leur fiscalité. On va aussi travailler pour obtenir le monopole du marché de la nicotine (cigarettes, e-liquides, billes, sachets), une molécule addictive dont la vente doit être encadrée par les buralistes.
On s’est également fixé des objectifs clairs sur la vente aux mineurs, à savoir la mise en place très prochaine de caméras à reconnaissance de majorité, qui utilisent l’intelligence artificielle. Les buralistes sont partie prenante de l’éthique, ils se battent pour que la vente aux mineurs soit interdite, pour le jeu, l’alcool et le tabac.
• L’Est Républicain : Cet engagement fait-il partie de la certification BOB (Buraliste officiellement bienveillant) ?
•• François Mercier : Oui, il s’agit de plusieurs modules de formation mis en place par la Confédération nationale. La certification BOB est acquise à partir du moment où tous les modules sont validés sur le site des buralistes. Nous sommes seulement trois ou quatre à l’avoir en Meuse, mais BOB est récent et on incite nos collègues à le faire. En tout cas, la dynamique est bonne.