En plein cœur de la commune de Domblans (960 habitants, 15 kilomètres de Lons-le-Saulnier, Jura), le tabac-multiservices « Shop presse » est un commerce incontournable. Pas seulement parce qu’il est implanté au cœur du village. Aussi, et surtout, parce qu’il est le lieu où l’on trouve de très nombreux services essentiels aux habitants de ce territoire rural. Reportage du Progrès.
Pascal Pernot a tenu ce commerce pendant 25 ans. Depuis qu’il l’a remis à Antoine Casoli (il y a un an et demi), il y travaille à temps partiel en qualité de salarié.
•• « Pour ma part, j’ai développé un rayon librairie. Et au fil du temps, il m’a semblé important de rendre des services à la population locale. C’est le but » estime l’ancien patron.
Pascal Pernot a eu à cœur d’élargir la palette de son offre à chaque fois que l’opportunité s’est présentée. « Quand ils ont enlevé l’automate à la gare, la SNCF est allée voir la mairie qui les a envoyés vers moi compte tenu de mon amplitude d’ouverture. Je me suis dit que, s’ils devaient un jour fermer la gare, nous ne pourrions pas nous reprocher de ne rien avoir fait … ».
•• Si bien que depuis 2019, les usagers peuvent acheter leur billet de train au bureau de tabac. Avant cela, les buralistes étaient devenus banquiers (avec la création du compte Nickel en 2014), receveurs des impôts (depuis 2020), guichets pour le paiement des factures d’eau, d’électricité ou de gaz ou encore agences postales. Le Shop presse de Domblans fait aussi dépôt de pain, confiserie, papeterie, relais colis. Il est possible de faire réaliser ici un double de ses clés, de faire imprimer ses documents et d’acheter sa carte de pêche.
Pour tous ces services, les buralistes sont évidemment rémunérés. « Ce sont de toutes petites commissions, mais qui génèrent du passage », souligne Antoine Casoli. Néanmoins, « sans le tabac, la presse et les jeux, il n’y a plus de commerce. On tient avec l’ensemble, mais la diversification seule ne pourrait pas nous maintenir en vie », estime Pascal Pernot.
•• Commentaire de Jean-Noël Berthod, président de la fédération des buralistes du Jura : « On se trouve dans une situation comparable à celle des agriculteurs : l’État nous propose des aides pour nous moderniser et nous diversifier. Nous, ce que l’on veut surtout, c’est vivre de nos métiers, avec des marges correctes ». Et d’ajouter : « on nous impose de plus en plus de règles et de contraintes. On a toujours peur de mal faire ».