La profession a déjà encaissé, au 1er janvier, une hausse des tarifs du tabac. À Besançon (Doubs), les buralistes s’agacent de la fuite de leur clientèle frontalière et se disent contraints de multiplier leurs services en boutique pour compenser cette perte de chiffre d’affaires.
Témoignages dans L’Est Républicain de trois buralistes qui partagent un point commun sur leur clientèle : « on la connaît, elle nous connaît aussi, c’est la vraie clientèle de proximité. »
•• « Sans le bar, ce ne serait pas tenable : je travaillerais plus de 70 heures par semaine pour à peine un Smic, impensable ! Heureusement qu’il y a le bar, les deux tiers de mon chiffre d’affaires. » assure le patron d’un bar-tabac-presse repris il y a deux ans.
Il sort le dernier numéro du Losange. La couverture résume la situation, notamment sur la question des prix des cigarettes dans les pays frontaliers. « Quand on voit ces tarifs, il y a de quoi être en colère. L’État vole les gens », résume le buraliste. Pour autant, il ne lâche rien : « je vais faire des travaux pour séparer la partie bar de celle du tabac. J’aime être à l’écoute de ma clientèle, on fait un peu de social parfois, j’aime mon métier. » Mais, le coin presse va disparaître : « j’arrête, je mange de l’argent, c’est du travail qui ne rapporte rien »
•• Une buraliste, installée depuis sept ans sur le boulevard Léon Blum, voit sa clientèle diminuer : « les clients ne fument pas moins, ils achètent leurs cigarettes ailleurs. Même ici à Besançon, des gens vont acheter dans d’autres pays. »
Si la célèbre carotte rouge clignote en haut de sa devanture, si le boulevard lui assure une clientèle de passage, l’affaire ne pourrait survivre sans les autres services : « les jeux beaucoup, la presse un peu et j’ai aussi les colis, le gaz. » La petite vitrine dans l’échoppe présente quelques bibelots, mais « ça ne marche plus », avoue-t-elle.
Un collègue, rue de Belfort, offre aussi sa diversité de services. « On est obligé, le tabac ne suffit plus » avance l’une des associées, « depuis le début de l’année, on le ressent bien … ». Vente accessoire, fabrication de clés, gestion de colis, presse, jeux … « tout ça, c’est du travail en plus, mais sans, ça se serait compliqué. On s’est lancé sans se poser de questions sur ce qu’était le métier, mais on continue ».