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23 Oct 2023 | Profession
 

Irrespect, agressivité, violences … À Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), des buralistes constatent une montée des tensions dans leur commerce depuis plusieurs mois. Témoignages de La Montagne.

•• Des jeunes femmes se présentent dans un tabac-presse pour acheter des cigarettes. Refus de la buraliste. Ces grandes ados ne sont pas en mesure de présenter une carte d’identité pour justifier de leur majorité. « Ha, la tepu ! », balancent-elles alors à la figure de la commerçante avant de quitter la boutique dans un grand éclat de rire.

« Le constat est catastrophique. La violence verbale est complètement banalisée. Il ne se passe pas une journée sans quon se fasse insulter » explique-t-elle.

Et la tendance concerne des clients de toutes catégories sociales et de tous âges : « les buralistes sont devenus des fusibles. Je reçois des centaines de clients par jour, pour tout type de produits. Il faut que ça aille vite, quil ny ait aucun grain de sable. Les gens viennent déverser leur mal-être. On sent une tension, une agressivité. »

•• Mais dans les doléances des buralistes figurent des faits encore plus inquiétants, tel ces agressions subies par deux dentre eux récemment.

En août dernier, une collègue venait d’ouvrir son commerce lorsque l’un de ses clients habituels la rouée de coups avant de s’enfuir avec des cigarettes (voir 12 et 16 août 2023). L’homme a été interpellé puis jugé rapidement (il a écopé de deux ans de prison ferme). Elle, qui s’était vu notifier six jours d’ITT, a pu reprendre le travail.

Mais plus de deux mois après cette scène d’une grande violence, ses blessures psychologiques sont encore vives : « ce nest pas lié à la crainte dune nouvelle agression mais aussi à mon métier. On travaille seul et tout ce que lon subit, on le subit de plein fouet ».

Les mesures pour sécuriser les débits de tabac n’y changent pas grand-chose : « on nous a aidés, notamment pour installer des alarmes. Mais cest pour sécuriser la marchandise. Nous, on ne nous protège pas. Sans parler de la contrebande de cigarettes qui ne cesse daugmenter. »

•• Le patron d’un bar-tabac dans le centre-ville a lui aussi subi des violences pour des clopes. Le mois dernier, à trois reprises, un jeune homme est venu lui demander des feuilles à rouler sans pouvoir justifier de son âge. Il na jamais cédé et à chaque fois, cela se terminait par des insultes graves. 

Jusqu’à ce que le client en question revienne, toujours aussi agressif, avec des feuilles qu’il avait pu acheter dans une épicerie voisine. Nouveaux outrages. « Quand je lui ai dit « ça suffit », il ma alors balancé tous mes présentoirs, il ma insulté. Je suis allé sur lui et là, il ma asséné plusieurs coups de poing… Voilà où on en arrive aujourdhui. Tout peut partir en vrille pour 1,80 euro … »

La présentation de la pièce didentité est loin d’être la seule source de crispation. Quand le buraliste n’est pas aux aguets pour prévenir les nombreuses tentatives de vol, il doit aussi régler les problèmes liés à l’ouverture d’un compte bancaire ou à la une recharge de téléphone. « Quand cela ne marche pas, cest de notre faute, il faut rembourser. Là encore, tout peut partir pour des petites choses. »

•• Face à ce phénomène, chacun tente de se prémunir comme il peut. « Il ny a pas de remède miracle », déplore Vincent Charbonnel, président de la fédération des buralistes du Puy-de-Dôme.

Lui pense que cette nervosité ambiante est aussi en partie liée aux problèmes de circulation à Clermont-Ferrand. « Cela concerne un tout petit pourcentage de clients », tempère-t-il, « mais, psychologiquement, ça peut être usant. »