Même si de plus en plus de personnes achètent leurs cigarettes en Suisse, deux buralistes installées dans l’Ain, à proximité de la frontière, se confient sur l’évolution et la diversification de leur activité.
•• « Avant, j’ai travaillé dans un tabac à Échirolles » explique au Messager, la jeune patronne (21 ans) implantée à Valserhône (26 kilomètres de Nantua).« On vendait davantage de blagues et de pots qu’ici. Le tabac à rouler est deux fois plus cher qu’en Suisse. On a donc une légère baisse des ventes … entre 5 et 10 %. »
Beaucoup de clients voient plutôt son établissement comme une épicerie, pratique pour dépanner, car ouverte 7 jours sur 7 et minimum 13 heures par jour. « Les gens viennent plus pour acheter des boissons, du CBD et pour les jeux que pour du tabac » observe-t-elle. La buraliste remarque aussi un avantage de la proximité suisse : « beaucoup de Suisses viennent jouer au Loto ici, parce que les taxes sur les gains sont plus faibles ici. La FDJ est numéro 1 au niveau de la redistribution des gains. »
Les hausses successives du prix du tabac n’ont, selon elle, pas entraîné de baisse sur la consommation : « sur les paquets de cigarettes, les gens changent parfois de marque, ce qui leur permet d’amortir les augmentations, mais la plupart restent fidèles à leurs habitudes. »
•• « Les trois premiers mois de l’année, j’ai fait 7 % de moins que l’année passée à la même période », indique, dans La Tribune, la patronne du tabac-presse de la galerie Carrefour à Ferney-Voltaire (à la frontière suisse), « ce qui reste relativement raisonnable par rapport à d’autres collègues de la région. » La buraliste tient tout de même à relativiser la situation locale : « ça fait longtemps que je suis dans le métier, et je sais que les collègues proches de l’Espagne souffrent encore plus que nous. »
« Réguler les prix sur tous les pays d’Europe n’est pas possible » estime-t-elle, « quand on regarde la Roumanie par exemple, les salaires ne sont pas les mêmes qu’ici, donc les cigarettes ne peuvent pas être au même prix. »
Arrêter de vendre du tabac et se concentrer sur la presse et autres produits annexes n’est cependant pas une option selon elle : « un tiers de mon chiffre d’affaires est lié au tabac, ça reste très important. » La solution miracle n’existe donc pas selon elle, bien qu’arrêter d’augmenter les prix puisse ralentir la fuite des consommateurs : « ce sont malheureusement les plus modestes qui sont impactés et ça ne fait pas arrêter les gens de fumer, mis à part peut-être les jeunes. »