Être buraliste dans l’arrondissement de Saint-Gaudens (au sud de la Haute-Garonne), c’est rivaliser avec les magasins espagnols frontaliers. Impuissants, ils assistent à ces allées et venues de ces particuliers qui ont pris l’habitude de traverser la frontière pour acheter leurs cartouches de cigarettes.
« Nous en France on vend le paquet à 11 euros et en Espagne il est à 4,80 euros en moyenne. Le calcul est vite fait pour les clients », expose à La Dépêche du Midi, la propriétaire du tabac-presse de Loures-Barousse (35 kilomètres de la frontière franco-espagnole).
Une différence de prix qui séduit les fumeurs. Mais qui se transforme en un vrai manque à gagner pour les buralistes. « J’estime que sur la vente de cigarettes, j’ai une baisse de 40 % de mon chiffre d’affaires, c’est énorme. La concurrence est proche, les gens préfèrent aller jusqu’à Bossost, le premier village espagnol, pour payer moins cher. Et je ne parle pas même du marché parallèle », observe un confrère à Saint-Gaudens.
•• Mais qui sont ces fumeurs qui préfèrent rouler quelques kilomètres de plus plutôt que d’acheter leur tabac en France ?
Pour les deux buralistes la réponse est la même : il y aurait autant de Commingeois que de fumeurs d’autres secteurs qui traverseraient la frontière. « Oh, il ne faut pas croire que ce ne sont pas des gens du coin, au contraire. Quand on a la frontière à 30 minutes, c’est encore plus tentant ! On l’a vite remarqué, il suffit d’aller sur les terrasses des cafés pour voir la couleur des paquets », s’exclame le buraliste de Saint-Gaudens. Et de poursuivre : « c’est aberrant, et même s’il y a une loi qui est régule le nombre de cartouches par personne, ce n’est pas totalement respecté ».
•• Un impact total sur les ventes qui met les buralistes au pied du mur et les confronte à un choix : avoir d’autres activités ou fermer. Pour la première : « je commence par me diversifier, je fais des « idées cadeaux » maintenant, les journaux, mais si ça continue à ce rythme la fermeture peut être une option ».
Le second aussi a fait ce choix pour subsister : « oui c’est dur, la concurrence est féroce et oui on doit se diversifier c’est le métier qui le veut. Par exemple, je suis entré une gamme de produits pour cigarettes électroniques. Le métier n’est pas mort pour autant, du moment où l’on est travailleur, cela peut marcher ». (Voir 14 août).