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21 Août 2023 | Profession
 

Le Télégramme a entamé une série … « La Famille Bistrot ». Rendez-vous à Tréflez (975 habitants, sur le littoral de La Manche, Finistère) pour le deuxième épisode où la famille Abgrall gère le bar-tabac « Ar Menez » depuis plus dun siècle.

« Ma grand-mère, Catherine Charlès, est née en 1877. Je sais quelle tenait le bar seule. Son mari, Jean, était cantonnier. » En 1939, l’un de leurs quatre fils, Victor Charlès, reprend le commerce et, dès 1952, Alice, sa fille, alors âgée de 15 ans, lui donne déjà un coup de main.

•• Plus qu’un simple bar de centre-bourg, le lieu a alors déjà vocation à rendre service aux habitants du village. « Les lundis, mon père conduisait les personnes qui le souhaitaient à Lesneven, pour le marché » illustre Alice, la doyenne de la famille Abgrall, « il ny avait pas beaucoup de voitures à l’époque, ça aidait. » Le bar a aussi accueilli l’un des premiers téléphones de la commune, « même la mairie nen avait pas », plaisante-t-elle.

Alice a repris l’établissement en 1969 à la mort de son père. Pendant ses 37 ans à la tête du commerce, celui-ci s’étoffe de nombreux services : une épicerie, un dépôt de gaz, des bornes de Flipper, un bowling qui traversait le bar … Quelques années avant sa retraite, Alice reçoit un diplôme de la part de la Confédération des buralistes pour fêter ses 33 ans dans le métier.

•• En 2007, à l’approche de ses 70 ans, il est temps de passer la main. Son fils, Patrice, devient officiellement le gérant de l’Ar Menez qui, signe d’une nouvelle époque, est maintenant un commerce « dutilité locale », comme indiqué sur la devanture (voir 1er décembre 2018).

On peut y déposer et y récupérer des colis ou payer ses factures deau. Comme ses parents avant lui, Patrice Abgrall tient à rendre service aux habitants de la commune même si « cela nous fait une charge de travail en plus ». 

Aujourd’hui, l’avenir du bar comme entreprise familiale est incertain. La fille de Patrice pourrait peut-être le reprendre mais rien n’est sûr. « Pour le moment, on ne peut pas dégager deux salaires, explique-t-il. Je comprends aussi que cela puisse être difficile de travailler dans un petit bourg ».

Mais pas de quoi lui miner le moral car, pour lui, comme pour sa mère, avant lui, le cœur du métier, cest « le contact humain ». « On a un bon noyau dhabitués, de copains ! », assure Patrice Abgrall. Et parmi eux, beaucoup de vacanciers. Certains venaient déjà quand Alice gérait le bar.