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6 Fév 2024 | Trafic
 

Rassemblés en petits groupes, vêtus de lhabituel survêt-baskets, les trafiquants se massent près de la porte de Bourgogne à Bordeaux. Les vendeurs ne se cachent pas, conscients que la police a dautres priorités et que leurs sanctions judiciaires seraient, quoi quil en soit, dérisoires. Mais à quelques mètres de là, les buralistes fulminent …

Reportage d’actu Bordeaux.

•• À l’angle du cours Victor Hugo et de la rue des Faures – où les descentes de police sont régulières – un groupe de six hommes traine déjà vers 10 heures 30 du matin. « Ici, on ne vend que de la coke et du shit », assure l’un d’entre eux, lunettes de soleil sur les yeux. « Les cigarettes, cest plus bas quon les achète », lâche-t-il en désignant de la tête des camarades postés près du bureau de poste.

Là, en quelques secondes, les jeunes hommes âgés d’une vingtaine d’années sortent de leurs poches des paquets de Marlboro rouge et blanc. « Je les achète au Maroc à 5 euros le paquet », confie un vendeur. Il le revend 7 euros, soit 70 euros la cartouche.

« Je me fais 200 euros par jour rien quavec les cigarettes », souligne celui qui trafique aussi des stupéfiants. Non loin de lui, un autre vendeur qui se fournit en Algérie explique que sa marge est moins importante depuis que le prix d’achat de la cartouche est passé d’une cinquantaine à une soixantaine d’euros. Ce qui ne l’empêche pas de rester posté toute la journée non loin du quartier Saint-Michel pour gagner, grosso modo, une centaine d’euros par jour en vendant des Marlboro.

•• Le soir, passé 17 heures, il n’est pas rare que des fourgons de police débarquent. Ils fouillent les cachettes à la recherche de stupéfiants, contrôlent les jeunes qui trainent. « On soccupe surtout des stups » confie une source policière à actu Bordeaux, « les cigarettes de contrebande, ça nest pas du tout notre priorité. »

Le policier confirme que « beaucoup de vendeurs à la sauvette, souvent sans-papiers, se fournissent au Maghreb ou dans les pays de lEst ». Mais en dépit des quelques flagrant-délits observés, la police de Bordeaux ne démantèle pas beaucoup de gros réseaux. Ni ceux de vendeurs de rue, ni ceux des canaux Telegram ou des groupes Facebook dédiés à la vente de cigarettes, qui pullulent.

« La réponse judiciaire sur ce type de délit est très faible (souvent une amende, ndlr), on ne peut pas se permettre dy passer des heures denquête », insiste le policier. 

•• Mais face à « l’inaction des forces de l’ordre », les buralistes enragent. Debout derrière le comptoir de son bureau de tabac situé à Saint-Michel, un buraliste organise une fronde contre le coût des cigarettes. « Les augmentations des prix et le marché noir sont des vases communicants », assure-t-il. Pour lui, plus le tabac augmente, moins les Français achètent aux buralistes et plus les trafiquants y gagnent.

Antoine Bairras, président de la Fédération des buralistes de la Gironde, est du même avis : « Avant, Marlboro étaient les leaders. Aujourdhui, le leader, cest le marché parallèle. » (Voir 10 septembre 2023, 2 février et 7 janvier 2022)