Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
22 Déc 2021 | Profession
 

Bic a inventé la première machine au monde capable de recycler des briquets. Les briquets étant une activité dont il est le leader mondial, et qui représente 38 % de son chiffre d’affaires (1,62 milliard d’euros en 2020).

En toute discrétion, en effet, le groupe travaille depuis sept ans avec ses ingénieurs pour mettre au point cette technologie révolutionnaire, rapporte Les Échos

Un secret industriel bien gardé : cinq équipements sont installés à l’abri des regards dans son usine de Redon en Bretagne, qui assure la moitié de sa production mondiale (1,4 milliard d’unités au total) aux côtés de 5 autres usines en Espagne, États-Unis, Brésil et Chine.

•• « C’est une première dans le domaine de l’économie circulaire », se réjouit François Clément-Grandcourt, le directeur général de cette activité, « une grande partie des matériaux et des composants sont réutilisés. C’est un défi technologique ». Un investissement de près de 5 millions d’euros a été nécessaire pour être prêt industriellement.

Cette machine, dont certaines parties sont encore en développement, permet d’abord de trier les briquets pour voir ceux qui pourront être reconditionnés et remis sur le marché. « À date, ce tri se fait manuellement, mais à terme, grâce à l’intelligence artificielle, il sera possible de détecter les briquets destinés au broyage, et ceux à recycler, qui seront ensuite désassemblés pièce par pièce par la machine », précise René Frigière, directeur de l’usine de Redon, à l’origine du projet.

•• Au démontage : la machine spécialisée tourne à plein régime, avec 5 000 briquets par heure. Le capot est enlevé automatiquement, puis des couteaux coupent le fond et les composants se séparent (corps en plastique, acier, ressorts, molette…) pour être réutilisés. Pas simple, car un briquet Bic compte pas moins de 19 pièces.

Le peu de gaz restant est aussi récupéré. C’est la partie la plus complexe, avec les risques inhérents.

Bic a décidé de réserver le recyclage à ses briquets pour éviter les mauvaises surprises. « Certains briquets asiatiques sont composés jusqu’à 7 plastiques différents. Il est impossible de les séparer pour les valoriser », poursuit le directeur de l’activité.

•• Des premiers tests de collecte ont été lancés en Espagne, et un peu en France, avec 7 projets pilotes, dans des buralistes, des gares, des supermarchés et même des discothèques. Il est encore trop tôt pour dire quel sera le circuit le plus efficace, selon Bic.

Un premier bilan montre que 87 % de briquets récupérés sont vides. Et que 30 % peuvent être reconditionnés. Le groupe se dit prêt à ouvrir une usine de recyclage. Il a fait une demande à Redon et en Espagne, et s’implantera dans le pays où il obtiendra le premier feu vert.

•• En parallèle, Bic travaille sur l’éco-conception pour faciliter la seconde vie de ses produits. Dans ce but, il a noué des partenariats avec des start-up spécialisées dans la dégradation du plastique. Son nouveau modèle, BIC Maxi Ecolution, qui sera lancé en 2022, utilise ainsi des matériaux recyclés et biosourcés. Il sera vendu dans des blisters en carton.

Une innovation qui va permettre à Bic de réduire de 30 % son empreinte carbone. « Les 4/5e de nos gammes vont évoluer dans ce sens dans les 5 ans », précise François Clément-Grandcourt.

Pour le consommateur, cela va se traduire par un prix en hausse de 20 % pour amortir ces matières écolos. « En améliorant nos produits, et en les rendant circulaires, nous avons les moyens d’avoir un marché du briquet soutenable à terme », assure-t-on chez Bic.