Le Parisien a consulté en exclusivité le rapport parlementaire de la mission Woerth, présenté ce mercredi. Premiers enseignements indiqués par le quotidien (voir 21 septembre et 11 janvier).
L’Assemblée nationale a profité de la mise sous cloche du pays entre mars et juin 2020 pour réaliser une étude grandeur nature. En effet, les restrictions de circulation et des fermetures des frontières ont asséché le marché parallèle, obligeant les fumeurs à se rabattre vers les buralistes, seuls autorisés à vendre du tabac en France.
•• « Entre les mois d’avril et de juin 2020, les ventes dans les départements frontaliers ont été supérieures de 22 % aux ventes effectuées sur la même période en 2019 » selon les résultats, « contre une hausse limitée à 2,4 % dans les départements non frontaliers ».
Ainsi, à cause de la fermeture des frontières, dans les départements proches de l’Allemagne et du Luxembourg, les ventes ont bondi de 44,6 % entre le 16 mars et le 14 juin 2020 par rapport à la même période en 2019, de 44,5 % à la frontière avec l’Espagne et Andorre et de 28,8 % à la frontière belge.
•• Pour la première fois, les autorités disposent d’une photographie précise de la masse des fumeurs qui utilisent le marché parallèle pour contourner la politique antitabac mise en place par les gouvernements successifs.
Une politique qui repose presque exclusivement sur une hausse de la fiscalité du tabac pour dissuader les fumeurs. Si le volume de tabac consommé en France a bien diminué ces dernières années, le pourcentage de fumeurs dans la population reste élevé, plus de 24 %, notamment aux frontières.
Une remise en cause la politique de hausses du paquet de cigarette ? « Absolument pas » insiste Éric Woerth dans Le Parisien. « Mais si nous voulons faire baisser le nombre de fumeurs dans notre pays, il faut l’accompagner d’autres mesures. La politique de lutte contre le tabagisme n’est pas la même dans tous les pays européens. Il y a des trous d’air. Nous devons y remédier. »
•• Les deux rapporteurs proposent :
• une harmonisation de la fiscalité du tabac en Europe corrélée au niveau de vie par habitant de chaque membre ;
• la création d’une plateforme communautaire où seraient renseignés les achats de tabac dépassant les seuils ;
• ou encore, mesure extrême, faute d’obtenir satisfaction, la France pourrait décider unilatéralement de réduire à zéro la quantité de tabac autorisée à importer par un particulier.