« Si je pouvais revenir en arrière … »
Auteur involontaire, en jetant un mégot, d’un gigantesque incendie qui avait atteint les portes de Marseille, en août 2016, Mostafa El Fathi, un maçon de 40 ans, a exprimé ses regrets lundi devant le tribunal correctionnel, selon une dépêche AFP que nous reprenons.
Et ce fait-divers de nous rappeler l’utilité publique de campagnes de sensibilisation comme celle menée conjointement par la Confédération et l’Entente Valabre au cours de la saison estivale (voir 19 août 2021).
•• Sur un chantier, à Rognac, il avait jeté dans les broussailles un mégot qu’il croyait éteint, provoquant le cinquième plus important feu de forêt enregistré dans les Bouches-du-Rhône depuis 1973.
Attisées par un vent violent et la sécheresse, les flammes avaient parcouru quinze kilomètres, jusqu’à 83 mètres par minute, pour finalement échouer à Marseille (voir 4 novembre 2016 et 18 novembre 2020). Totalement éteint au bout de dix jours, le sinistre avait parcouru 2 655 hectares, dont 630 de forêt, et mobilisé près de 1 800 pompiers. Huit personnes avaient été blessées, dont un homme de 64 ans gravement brûlé alors qu’il tentait de fuir le brasier à Vitrolles.
Le coût de cet incendie a été chiffré à 63 millions d’euros, le feu ayant touché 117 bâtiments et installations, dont 26 maisons totalement détruites.
•• Dans les salles d’audience du tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence, où les débats étaient retransmis, plusieurs dizaines des 447 victimes ont pris place lundi. Plus de 250 d’entre-elles se sont constituées parties civiles.
La présidente du tribunal, Estelle Lassaussois, a pointé les « versions évolutives » du prévenu, qui avait d’abord assuré aux gendarmes ne pas avoir fumé sur le chantier, puis, en garde à vue, avait concédé avoir fumé mais ne pas s’en souvenir : « Vous avez un problème avec la vérité », a relevé la présidente, « vous n’arrêtez pas de mentir par-ci, par-là, de raconter des bobards ».
« Quand j’ai reconnu, j’étais soulagé », a concédé le prévenu, en plaidant le geste involontaire : « Je l’ai éteint la cigarette, j’ai dû mal l’éteindre ».
•• « Vous n’êtes pas de Calais, quand on habite la région, on sait qu’on ne fume pas dans la campagne », a insisté la présidente, rappelant que ce jour-là justement le maçon ne devait pas travailler car il y avait des risques d’étincelles. L’examen des demandes d’indemnisation des parties civiles a été disjoint et donnera lieu à une audience civile le 5 mai (…)
Le procès est prévu jusqu’à mercredi. Le prévenu risque jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.