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29 Juil 2013 | Institutions, Trafic
 

Comme nous l’annoncions hier, le Journal du Dimanche a apporté son éclairage sur un curieux amendement parlementaire, fruit du lobbying de l’entreprise suisse Sicpa, et qui aurait eu pour effet de grever de 80 millions d’euros annuels le système de traçabilité des paquets de cigarettes que l’Etat veut mettre en place (voir Lemondedutabac du 16 juillet).

Sicpa est spécialisée dans le marquage fiscal. Elle propose des encres et des solutions de sécurité pour identifier et certifier des billets de banque, des tickets de loterie ou le conditionnement de certains produits plutôt fiscalisés (tabac, alcools). Un business sensible et en croissance. D’autres entreprises dans le monde font la même chose, y compris en France. Il se trouve que Sicpa se distingue par son entregent médiatique et politique.

D’ailleurs, l’article récent du Canard Enchaîné sur « la guerre fumeuse contre le trafic des cigarettes » (voir Lemondedutabac du 24 juillet) correspond à une habile mise en avant de ses arguments contre la solution, moins coûteuse et plus opérationnelle, soutenue par les fabricants et les Douanes …

Le Journal du Dimanche part donc de ce curieux  amendement parlementaire (déclaré, en définitive, irrecevable) pour revenir sur l’actif lobbying de Sicpa  auprès des politiques : des promesses d’emplois dans trois circonscriptions dont celle de Pierre Moscovici ; l’appui d’un criminologue influent ; le soutien effervescent d’Arnaud de Montebourg qui cherche même à associer La Poste à la démarche ; une première tentative infructueuse en 2008 à laquelle s’étaient opposées les Douanes ; une grosse pression à Bruxelles pour imposer sa solution technique dans le cadre de la prochaine Directive tabac.

Le JDD a même rencontré un ancien dirigeant de Sicpa témoignant des méthodes « pas très claires, voire pas très légales » de la société suisse.

Ce que ne dit pas le JDD c’est que les références de Sicpa (Albanie, Géorgie, Brésil, Turquie, Maroc, certains états américains … la Suisse n’ayant pas fait appel à ses services) laissent quelques traces poussant au  scepticisme.

Il se dit, pour ne prendre que ces exemples , que la Turquie souhaiterait se débarrasser des vignettes  Sicpa, cinq ans après leur adoption, ce qui est à l’origine d’un sourd affrontement juridique.

En Californie, ces mêmes vignettes ont été massivement contrefaites, le mois qui a suivi leur très coûteuse mise en circulation.

Quant à la saga Sicpa au Maroc, elle mérite plusieurs volumes. Nous nous contenterons d’une prochaine information  sur le sujet. A suivre.