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5 Nov 2019 | Profession
 

À Riom (dans le Puy-de-Dôme, à une quinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand), les buralistes, interrogés par La Montagne, se montraient inquiets, ce vendredi 1er novembre, par la neuvième augmentation du prix du tabac du Gouvernement Macron (voir 31 octobre). 

« S’ils veulent qu’on ferme, qu’ils le disent et ça nous évitera de nous lever tous les jours à 6 heures » réagit d’emblée Hervé Alves, propriétaire d’un bar-tabac, « quand on a commencé en 2011, le paquet de cigarettes était aux alentours de 5,50 euros. Aujourd’hui, fumer est devenu un luxe. »

•• Un constat partagé par Isabelle et Gilles André  qui tiennent un tabac-presse : « c’est exagéré toutes ces augmentations. Les gens n’ont plus les moyens de s’acheter des cigarettes. En tout cas, plus les moyens … de s’acheter des cigarettes en France. Parce que si les hausses de prix ont poussé certains à arrêter de fumer, la grande majorité a simplement changé  de filière d’approvisionnement en allant chercher des cigarettes dans les pays voisins, voire même en les commandant sur Internet. »

•• Même Christophe Roux (photo), qui a pris depuis plusieurs mois le virage de la diversification, maugrée : « ces augmentations de prix, on les subit. Alors tous les matins, on se creuse la tête pour savoir ce qu’on pourrait mettre en place pour compenser le manque à gagner lié à la vente de tabac. » Lui a notamment décidé de créer Le Riomois, un couteau conçu avec les frères Dubesset, des couteliers thiernois. Mais il propose aussi des articles pour fumeurs comme des narguilés. Ou encore le compte Nickel.

« Malgré nos efforts, la diversification ne compense pas la baisse des ventes de tabac » souligne-t-il. « Le tabac, c’est entre 55 et 60 % de notre chiffre quotidien. La seule chose qui peut nous sauver, c’est la présence. On reste un commerce de proximité et il est vital pour nous que les gens continuent à venir chez nous. Mais comme mes collègues buralistes, je constate que la fréquentation de mon commerce est en baisse parce que les gens parviennent à se fournir autrement. »

•• De son côté, Hervé Alves a aussi du mal à voir ce que la diversification pourrait changer à sa situation. « On nous parle de vendre des billets de train mais moi, je n’ai jamais vu personne venir me demander ça » souligne-t-il.

« On nous dit aussi qu’à partir de l’été prochain, on pourra récolter les impôts. Mais ce n’est pas avec ça qu’on va manger. Ce genre de choses, ça ne peut marcher que dans les grandes villes. À ce rythme-là, nous, les petits buralistes, on va fermer les uns après les autres. »

•• Décidés à trouver un repreneur, Isabelle et Gilles André n’y arrivent pas. Une dure réalité qui selon la buraliste peut en grande partie être attribuée à ces hausses de prix.

« Ça fait plus de deux ans qu’on a mis notre fonds de commerce en vente » raconte-t-elle. « Une seule personne était vraiment prête à reprendre mais les banques n’ont pas suivi. Aujourd’hui, elles sont devenues frileuses parce que cette politique ne laisse franchement pas envisager un bel avenir pour le métier de buraliste. »