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31 Juil 2019 | Profession
 

Après Le Parisien et Le Figaro (voir Lmdt du 25 juillet 1 et 2), c’est au tour de La Croix (29 juillet) de livrer un focus-analyse sur la diversification du réseau des buralistes. Extraits.

Démarrage … « Adressez-vous au bureau de tabac en face » : le panneau accroché sur l’ancienne Poste de l’île Saint-Louis, au cœur de Paris, peut surprendre.

Et pourtant, plus de 1 000 bureaux de tabac font aujourd’hui office de relais postaux où il est possible d’envoyer un colis, récupérer un recommandé … Bientôt, on pourra même y payer ses impôts en espèces ou par carte bancaire, y acquitter de la taxe foncière à des amendes, mais aussi régler des factures de crèche ou d’hôpital, et ce dès le 1er janvier 2020 (voir Lmdt des 23, 24 et 25 juillet).

•• La raison de cette activité supplémentaire tient en un chiffre. En moins de dix ans, près de 2 500 bureaux de tabac ont disparu. Et le tabac fait de moins en moins recette sous l’effet des hausses de tarifs, de la baisse de la consommation, des réseaux de vente parallèles, ou encore du « vapotage ».

La crise économique, qui a touché de nombreux villages en zones rurales, est aussi passée par là, souligne la Confédération des buralistes. Signe d’espoir, le nombre de fermetures est en voie de stabilisation relative depuis deux ans. C’est le fruit, estime la Confédération, d’une certaine reprise économique et de sa stratégie de transformation.

•• La survie des buralistes passe en effet par une diversification de leurs offres (…) Un buraliste peut aujourd’hui exercer une dizaine de métiers en proposant cafés, restauration, presse, photocopies, cartes de téléphonie, cartes de transport, photos d’identité, articles de vapotage, souvenirs, papeterie, quand il n’est pas pompiste ou épicier… Le réseau affiche aussi 5 500 points de vente de la néobanque « Nickel » et 1 100 relais postaux, sans compter la vente prochaine de billets SNCF, après l’accord signé récemment (voir Lmdt du 8 juillet).

« Cela correspond à l’idée du « drugstore du quotidien », où l’on trouve tout ce dont on a besoin » souligne Philippe Coy, dont la stratégie est de proposer des offres adaptées aux 10 millions de clients quotidiens. « Les bureaux de tabac sont souvent la dernière lumière du village » fait-il valoir. La vente de billets de train permet ainsi de toucher des publics différents, éloignés du numérique notamment.

•• La possibilité de payer ses impôts chez un buraliste est donc la dernière diversification en date, même s’il était déjà possible d’y payer des timbres fiscaux. Un nouveau service concevable car les buralistes ne sont pas des commerçants comme les autres, mais sous contrat de gérance avec l’État (…) Quand on l’interroge sur leur légitimité à collecter l’impôt, Philippe Coy s’esclaffe : « 81 % du prix du paquet de cigarette sont des taxes ! ».

•• Pour l’État aussi, la stratégie est gagnante. En autorisant le paiement en bureau de tabac, il se déleste potentiellement de 70 % des paiements auprès de ses propres guichets, sans pour autant priver les 500 000 Français dépourvus de compte bancaire d’une solution de paiement en espèces.

Cela lui permet aussi de maintenir son maillage territorial à l’heure de la centralisation des trésoreries. Après un test de six mois, le système sera déployé dès l’été 2020 dans 4 700 bureaux de tabac, sur 3 400 communes. Une façon habile de concilier proximité et transformation de l’administration (…)

•• Enfin, cette activité vient en soutien à un réseau local, stratégique pour l’aménagement du territoire. Des fonds ont déjà été débloqués par l’État pour le « Plan de transformation » de la profession, négocié par la Confédération (…) Alors que la crise des gilets jaunes est encore dans tous les esprits, le bureau de tabac nouvelle génération pourrait devenir le signe d’une présence de l’État dans les territoires isolés, conclut La Croix.