Près de 40 % de la consommation de cigarettes en France provient du marché parallèle. Une tendance sans commune mesure avec nos voisins européens.
C’est ainsi que débute un communiqué de Philip Morris France, suite à la publication des chiffres du rapport KPMG sur l’année 2022 (voir 28 juin). Nous le reprenons.
En 2022, les ventes de cigarettes ont diminué de plus de 5 % dans le réseau légal, mais pour autant le nombre de fumeurs n’a pas reculé et s’est même stabilisé. Parmi les 15 millions de fumeurs que la France compte encore, une part de plus en plus importante se détourne du réseau légal des buralistes pour s’approvisionner via le marché parallèle.
•• Le marché de l’illicite continue de croître dans l’UE en raison de la hausse constante en France
Si l’on constate une augmentation du commerce illicite à l’échelle européenne de +0,3 milliard de cigarettes, c’est principalement dû à la France où il augmente de +1,8 milliard. Le bilan français vient inverser la tendance européenne, qui autrement serait à la baisse.
En 2022, avec près de 17 milliards de cigarettes illicites consommées sur son territoire (+12 %), la France a représenté 47 % des volumes illégaux de l’UE, loin devant la Grèce (2,9 milliards de cigarettes) ou la Pologne (1,8 milliard). Cela s’explique notamment par une augmentation de la contrefaçon et de la contrebande qui représentent près d’un tiers (32,4 %) de la consommation totale de cigarettes dans le pays.
La progression de la consommation de cigarettes achetées dans le réseau légal des points de vente à l’étranger – que ce soit en contrebande (+ 24,7 %), c’est-à-dire au-delà des limites autorisées (200 cigarettes), ou non (+21 %) – s’explique par la levée complète des restrictions de voyage, mais reste inférieure aux volumes prépandémie de Covid-19 (11,9 milliards en 2022 vs 13,8 milliards en 2019).
•• La contrefaçon : une dynamique inquiétante qui s’installe
La contrefaçon (cigarettes produites et distribuées par des réseaux illégaux) dont l’explosion a été observée en 2020 et 2021, consolide son fort ancrage en France. Ce ne sont pas moins de huit milliards de cigarettes contrefaites, équivalent à 400 Millions de paquets, qui ont été consommées en 2022 sur le territoire national.
Avec 15,4 % de la consommation totale, là où elle n’était que de 0,2 % en 2017, le recours à la contrefaçon par les fumeurs dessine une tendance de fond d’autant plus inquiétante avec l’apparition d’usines de contrefaçon sur le sol français.
La politique française de lutte contre le tabagisme, principalement basée sur une taxation de plus en plus élevée, atteint ses limites quand on observe d’un côté une prévalence qui ne recule pas et de l’autre un commerce de l’illicite qui explose.
« Les cigarettes devenant inaccessibles pour une partie de la population chez les buralistes, les fumeurs se reportent vers le marché de l’illicite » explique Patrick Coquart chercheur à l’IREF. « À sept euros en 2017, le prix du paquet a dépassé les 10 euros depuis 2020: le double du prix pratiqué par les vendeurs de cigarettes à la sauvette. »