Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
12 Nov 2023 | Observatoire
 

L’éteignoir à cigarette renaît de ses cendres, inspirant limagination de jeunes designers. Le Monde (édition du 12 octobre) y a consacré un article dans sa rubrique Goûts du Monde – Design&Déco.

Les visiteurs de la Paris Design Week, qui a clos ses portes le 16 septembre dernier, étaient unanimes : il fallait absolument voir lexposition « Feu ! ». Dans un espace de 10 mètres carrés, les trois designers du collectif Meet Met Met, Jean-Baptiste Anotin, Helder Barbosa et Thibault Huguet, présentaient une vingtaine de cendriers hors du commun. Une curiosité. `

/ Si Selency propose plus de 4 000 cendriers d’occasion sur sa plate-forme, Made in design (leader de la vente d’objets et de mobilier en ligne) référence seulement sept modèles, dont trois sont des rééditions d’icônes. « Pendant longtemps, à limage des arts de la table, il y a eu un art de fumer, développé autour du trio briquet, porte-cigarettes et cendrier », détaille le sociologue de la consommation Patrice Duchemin, qui rappelle que l’objet permettait de convoquer des savoir-faire artisanaux français tels que la cristallerie, la porcelaine ou l’argenterie.

•• Nostalgie du passé ou esprit de provocation, les jeunes designers sont de plus en plus nombreux à prendre le cendrier comme une source dinspiration.

Il y a un an, la galerie bruxelloise Zotto invitait une centaine de créateurs à dessiner un cendrier pour l’exposition « Cendar Brussels »À Noël 2022, l’artiste new-yorkaise Lydia Cambron concoctait des cookies en forme de cendriers remplis de mégots, élaborés avec du pain d’épice, des bretzels trempés dans du chocolat blanc et des vermicelles de sucre gris.

Gabrielle Thomassian, céramiste et fondatrice du label Villa Arev, façonne quant à elle des cendriers en faïence émaillée ornés de citrons, de homards ou de mégots en trompe-l’œil (photo) …

•• « Les designers adorent faire réapparaître des objets du passé qui avaient presque disparu. Les bougeoirs, par exemple, alors que cela fait belle lurette que lon ne s’éclaire plus à la bougie ! Bien souvent, ils leur apportent un sens nouveau, prouvant quils ont un point de vue sur le monde. Mais il ne sagit jamais dun retour à lidentique, et dans le cas du cendrier, plus quune vocation commerciale, il faut y voir un moyen dattirer lattention », analyse Patrice Duchemin.

Helder Barbosa confirme : « … Pour « Feu ! », nous préférions nous focaliser sur un objet plus original mais tout aussi familier. » Thibault Huguet explique : « le cendrier permet une grande liberté créative, suivant le matériau utilisé, par sa forme, mais aussi sa fonction, car on peut le détourner pour d’autres usages. » En vide-poches ou en presse-papiers, par exemple.

Et Patrice Duchemin d’ajouter : « de nombreux collectionneurs exposent leurs cendriers sans jamais les utiliser. Un cendrier ne trahit pas forcément la présence dun fumeur… »

•• Conclusion du Monde : Pour autant, le cendrier utilitaire n’est pas mort. Depuis quelques années, la légalisation progressiste de la consommation de cannabis en Occident entraîne la création de nouveaux accessoires pour fumeurs. À une époque où la cigarette se consomme à l’extérieur et où le fumeur est invité à ne plus jeter son mégot dans le caniveau, lobjet est de plus en plus souvent développé dans des versions miniatures et nomades, bien loin de laccessoire social sédentaire quil fut pendant des siècles.