La France est le deuxième consommateur de jus de fruits en Europe (18 litres de jus de fruits par personne et par an). Pourtant ce marché est à la peine, victime de la désaffection à l’égard du sucre et de la concurrence de plusieurs autres boissons sans alcool.
Depuis 2015, les ventes ont entamé une glissade régulière et les derniers chiffres de Nielsen confirment la tendance de 2 % à 3 % de volume en moins par an.
•• Selon Les Échos, le PNNS (Programme national Nutrition et Santé) a enfoncé le clou en janvier 2020, en déplaçant les jus de fruits de la catégorie des cinq « fruits et légumes à manger chaque jour » à celle des « boissons sucrées ».
Les chiffres montrent d’ailleurs que les jus de fruits sont à la traîne sur le vaste marché des boissons sans alcool de 8,3 milliards d’euros, qui a progressé de 6,2 % en un an.
Sur douze mois glissants, au 4 octobre, les colas, qui sont toujours les grands leaders des boissons sans alcool, ont vu leurs ventes augmenter de 0,6 % en volume et 6,4 % en valeur. Les énergétiques ont fait le plus grand bond à près de 18 % en volume et 22 % en valeur. Très bien placées aussi, les boissons à base de thé ont progressé de 4,7 % et 10,6 %.
Dans le même temps, les jus de fruits ont reculé de 2,7 % et 0,7 %. Pour certains, comme le pamplemousse, c’est la bérézina avec un plongeon de 90 %.
•• « Les prix jouent un rôle incontestable », selon Emmanuel Vasseneix, président de Unijus. Un jus de fruits coûte beaucoup plus cher à fabriquer qu’une boisson à base de fruits type Oasis, leader de sa catégorie et il se vend près de deux fois plus cher. Lorsque la matière première flambe, et c’est de plus en plus souvent le cas avec le réchauffement climatique, « les hausses portent sur 100 % d’un jus de fruits quand elle ne portera que sur 20 % d’une boisson à base de fruits » poursuit-il.
À cela s’ajoutent certaines difficultés réglementaires, qui limitent beaucoup plus les marges d’innovation pour les jus de fruits que pour les autres catégories de boissons. La Directive européenne « jus de fruits », révisée en décembre 2012, encadre la définition de telle façon qu’il n’est, par exemple, pas possible d’en retirer du sucre.
Une limite abondamment médiatisée par les autres boissons. Ce qui a donné l’idée à Eckes Granini d’ajouter de l’eau de coco au jus de la marque pour lancer, en 2017, après trois ans de recherche, une nouvelle recette avec 30 % de sucre en moins.