Comme Nespresso qui multiplie ses sources d’approvisionnement dans le monde. En quête d’arômes toujours différents, la filiale de Nestlé conquiert de nouveaux terroirs et cultive les codes du haut de gamme. Enquête de Marie-Josée Cougard dans Les Échos.
Le petit noir n’a plus le monopole du marché du café. Dans de nombreux pays, sous l’influence américaine, le café latte, le cappuccino, les versions glacées voire aromatisées font florès. Le soluble et le café filtre n’ont pas dit leur dernier mot. Et le café en grain connaît une nouvelle jeunesse. Dans ce nouveau paysage, les dosettes jouent une partie très complexe.
•• En France, où « les compatibles Nespresso » ont connu un très beau développement jusqu’à s’arroger aujourd’hui la moitié du marché en grande surface, les ventes ont reculé de 1,6 % en 2023 et encore de 2,2 % en 2024, en volume, selon Circana. En valeur, les progressions respectives sont de +6,6 % et -0,6 % cette année. L’inflation n’est pas étrangère à la situation. La baisse de pouvoir d’achat et les préoccupations environnementales non plus.
Dans ce décor mouvementé, Nespresso, qui n’est pas commercialisé par les enseignes, a notablement enrichi sa stratégie de développement.
Celle-ci ne passera pas par l’ouverture de boutiques supplémentaires en France, alors qu’elles en ont longtemps été le fer de lance. En revanche, la filiale de Nestlé, dont l’obsession est le niveau de rentabilité, repousse sans arrêt les frontières du haut de gamme quitte à jouer la carte du luxe. Les éditions limitées font partie du registre.
Issues de provenances rares ou de petits terroirs, comme Jamaïcan Blue Mountain et Galapagos, ces dosettes sont proposées à des prix cinq fois supérieurs aux gammes classiques à 2,50 euros l’unité. Nespresso n’a pas hésité à consacrer vingt ans de recherche à la mise au point de l’une de ces éditions limitées (…)
•• D’autres, parmi lesquels le géant italien Lavazza, jouent plutôt le retour du grain. Une nouvelle tendance émerge, notamment en France avec les cafés en grains de luxe qui déclinent « la complexité aromatique » à la manière du vin et du cacao. Là encore les prix pratiqués visent à en faire des produits d’exception.
À Paris, le café Substance propose « une expérience unique de dégustation de cafés rares » torréfiés sur place et préparés en cafetière de verre surmontée d’un filtre. Il se boit sans sucre, ni pâtisserie, ni musique entre 8 euros et 21 euros la tasse. Les paquets de 100 grammes à emporter se vendent entre 19 et 57 euros. Dans le même ordre d’idées, Terres de café propose une gamme de « blends » à 60 euros le kilo et de « grand crus » de 15 à 37 euros les 150 grammes dans ses 8 cafés parisiens. (Voir aussi 9 janvier 2023)