À l’encontre de bien des commerces, les librairies indépendantes ont peu souffert de la crise et continuent à surfer sur ce vent porteur depuis janvier. Elles se sont numérisées, ont fidélisé leur clientèle, et s’apprêtent à voir leur croisade contre la gratuité des livraisons pratiquée par Amazon portée devant les parlementaires. Un panorama des Échos.
Malgré les semaines de fermeture, les confinements et les couvre-feux, l’activité globale accuse un léger recul de -3,3 % en 2020, par rapport à 2019, selon le Syndicat de la librairie française (SLF), qui réunit un tiers environ de la profession.
•• Un vent porteur qui continue, puisque les premiers mois de l’année 2021 démarrent en fanfare, avec de janvier à mai une activité en hausse de 23 % par rapport à 2019 !
« C’est d’autant plus exceptionnel que le marché du livre est en général très stable, ce n’est pas du tout un secteur cyclique » s’étonne Guillaume Husson, délégué général du syndicat. L’afflux des clients, mais surtout le panier moyen en augmentation, semblent donc perdurer. « Non seulement nos clients habituels ont plus lu, mais ceux qui achetaient sur les plateformes en ligne sont venus chez nous » poursuit-il.
•• Une fois n’est pas coutume, ce sont les petites structures qui ont le mieux résisté, avec aux deux extrémités du spectre les librairies pesant moins de 300 000 euros par an, enregistrant une croissance de 14,8 % en 2020 tandis que celles réalisant plus de 4 millions affichent un recul de 9 %. `
« C’est assez logique, les gros vendent souvent beaucoup de livres de tourisme, universitaires ou scolaires, or, ce sont les secteurs qui ont le plus souffert de la crise », décrypte Guillaume Husson. Sans compter que ce sont souvent les plus gros qui sont installés dans les centres commerciaux, qui ont été fermés administrativement.
•• Dans les changements appelés à durer, la digitalisation tient une place majeure. « Généralement, les ventes sur le site Internet représentaient 2 à 3 % du chiffre d’affaires du libraire, on est aujourd’hui entre 6 et 7 % », détaille-t-on au SLF. Une mini-révolution qui ne se fait pas sans heurts, nécessitant réorganisation logistique, investissement informatique, et coût de livraison.
« La crise a joué en notre faveur, elle a mis notre secteur sous les feux des projecteurs, mais la librairie est fragile, c’est le commerce le moins rentable », conclut Guillaume Husson. La rentabilité moyenne tourne à moins de 1 % du chiffre d’affaires.