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5 Sep 2024 | Profession
 

Patrick Fauqué cultive du tabac blond de Virginie depuis 42 ans au sein de son exploitation familiale à Biran (18 kilomètres dAuch). Une production devenue marginale dans le Gers malgré une forte rentabilité. Reportage dans La Dépêche du Midi.

« Il y a en a qui naissent dans un chou, moi je suis né dans un pied de tabac » … Patrick Fauqué assume pleinement la culture « exotique » où il produit également du maïs à pop-corn et du foie gras, « pour passer l’hiver ». Il faut dire que cette culture le démarque grandement de ses voisins agriculteurs. « Il y a toujours eu du tabac sur lexploitation. Cest la 42ème année que lon plante du tabac blond de Virginie », poursuit-il.

•• Ses plantes de tabac s’étalent sur une surface de 140 hectares, pour une production moyenne annuelle de 10 tonnes. Des coopératives extérieures lui fournissent les minuscules graines – 12 000 par gramme – et Patrick se charge du reste avec l’aide de sa compagne Isabelle et son fils Guillaume, épaulés par des travailleurs saisonniers.

« On sème, 60 jours après on replante et 60 jours après on récolte », indique-t-il. Même si ce n’est pas aussi simple : « les premières variétés qui sont arrivées avaient des défauts de résistance à certaines maladies. Elles étaient aussi difficiles à sécher. Au fil du temps, la recherche agronomique a fait de la sélection et maintenant on a des tabacs plus résistants et faciles à sécher » poursuit-il.

Si la génétique a grandement aidé les producteurs de tabac, elle n’a pas toujours suffi à franchir les obstacles rencontrés le long du chemin. Encore nombreux il y a quelques décennies, ils ne sont ainsi plus qu’une poignée à poursuivre la culture de cette plante dans le Gers, la majorité ayant été découragée par la fin progressive des aides européennes de la PAC.

Patrick aurait aussi pu jeter l’éponge il y a quelques années. Il a pourtant choisi de s’accrocher en s’adaptant à la demande. « On produisait du tabac qui ne correspondait plus au consommateur. Il était trop chargé en nicotine. On a changé notre pratique culturale » témoigne-t-il.

•• Aujourdhui, il produit donc pour le compte de la coopérative Tabac Garonne Adour (TGA) basée à Tonneins (Lot-et-Garonne), dont la filiale Traditab commercialise depuis une quinzaine d’années la marque de tabac 1637 (voir 24 juillet 2024).

Cette coopérative rassemble au total une centaine de producteurs à travers une bonne partie du sud de la France, la production annuelle ne cessant de grandir pour avoisiner aujourd’hui les 750 tonnes. « Notre petit volume de production est toujours en augmentation. Notre marque se vend de plus en plus, dailleurs on nen produit pas assez », souligne le vice-président de la coopérative, Guy Dubosc, producteur de tabac à Campuzan (Hautes-Pyrénées).

Si Patrick Fauqué savoure cette belle réussite acquise à force de travail et de persévérance, il est conscient des difficultés qui s’imposent encore à lui, notamment sur le plan climatique et environnemental, le tabac dépendant grandement des ressources en eau. « On fait vivre une économie, on a des salariés. Leau est indispensable à nos structures familiales », souligne l’exploitant, optimiste malgré tout. « Le tabac est aussi exigeant en main-d’œuvre et en énergie mais ça reste aujourdhui une culture avec une haute valeur ajoutée », conclut-il. (Voir aussi 12 et 22 septembre 2023).