Jean-Michel Detchart, patron de la Maison de la presse d’Hasparren (Pyrénées-Atlantiques), a été élu pour quatre ans, le 12 mars dernier, président national de Culture Presse (voir 13 mars). Dans Sud-Ouest, il explique les défis à relever pour les marchands de presse.
•• Que représentent les marchands de presse au plan national ?
Jean-Michel Detchart : Culture Presse représente 20 000 marchands de presse, soit tous les points de vente qui proposent toute la diversité de la presse. En trente ans, notre métier a beaucoup changé, avec des améliorations liées à l’informatisation d’une partie de nos tâches – on ne fait plus les invendus à la main –, mais aussi des difficultés avec la baisse générale des ventes de la presse. On n’enregistre pas de véritable chute comme peuvent le subir certains éditeurs, mais une baisse régulière de l’ordre de 2,5 % par an.
Des magasins ont disparu, on était encore 30 000 il y a dix ans. C’est dû à l’attrait d’Internet qui pénalise la consultation traditionnelle de la presse, notamment quotidienne. Elle souffre plus que la presse magazine. Nos clients ont toujours confiance en la presse écrite, mais ils consomment plus de presse magazine que d’actualité générale ou régionale. La démultiplication des points de presse sur certains territoires n’a rien arrangé.
•• Quels sont les enjeux de votre mandat ?
J-M. D. : Le plus gros sujet, c’est notre rémunération par les éditeurs. Elle a été revue en 2014, avec des compléments selon des critères, qui oscillent entre 13 et 20 % du chiffre d’affaires. Face à la baisse de vente des journaux, on souhaite remettre à plat ce système. Notre métier n’est plus attractif, par rapport au temps que l’on passe dans nos magasins. On ne trouve plus de repreneur, il faut redevenir attrayant. C’est beaucoup de travail à mener avec nos partenaires, y compris La Française des jeux.
On a rencontré tous les représentants de la presse quotidienne régionale, il faut élargir les négociations avec l’Alliance de la Presse. On constate déjà des avancées sur l’assortiment et le plafonnement des titres de presse depuis 2019. Il faut que toute la filière se pose les bonnes questions, et inclure le gouvernement dans nos discussions. Les aides à la distribution doivent être revues à la hausse. Il nous faut aussi resserrer les liens avec la Confédération des buralistes, nous devons défendre nos intérêts ensemble.
•• Pensez-vous votre métier menacé de disparaître ?
J-M. D. : Pas du tout. Au contraire. Nous offrons un accès à l’information et à la culture dans nos établissements. En territoire rural, on est parfois le seul lien à pouvoir proposer cet accès. Pendant le Covid, on faisait partie des commerces essentiels. Nous sommes le premier commerce culturel de proximité. Toute la filière est sous tension, et nous avons un gros challenge à relever dans notre capacité à diversifier nos activités.