Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
2 Déc 2019 | Trafic
 

Les journalistes de L’Alsace / Vosges Matin auraient pu se poser à la sortie du tram en provenance de Kehl, face à Strasbourg (voir les 3 novembre et 8 octobre) mais ils ont préféré accompagner les douaniers de la division de Cerdagne, dans les Pyrénées-Orientales.  

Reportage de terrain, quelque part sur la RN116, en contrebas de la frontière avec la principauté d’Andorre, ce lundi 25 novembre. Trois agents fouillent méticuleusement une voiture.

Les gestes sont précis et visent directement les « planques » habituelles. « Dans les ailes d’une berline, on peut cacher jusqu’à 50 cartouches » sait un douanier de la brigade de surveillance intérieure. « Cela ressemble beaucoup à une voiture ouvreuse,le  conducteur est en train de prévenir ses collègues de notre présence ».

•• Entre l’Andorre et la France, le trafic de tabac se fait de plus en plus en bande organisée. Il faut dire que le marché est juteux : 100 cartouches venues de la principauté d’Andorre représentent jusqu’à 2 000 euros de bénéfices. Et dans une voiture, on peut en mettre… plusieurs centaines.

Alors le trafic de cigarettes de contrebande se structure et innove. « Ils ont même inventé les leurres » raconte un agent du poste frontière de Porta, en contrebas du Pas de la Case, « pendant qu’on contrôle une voiture avec quelques cartouches bien planquées, le convoi qui abrite le magot essaye de passer entre les mailles du filet. »

•• D’autres n’hésitent pas à forcer le barrage et tant pis pour la voiture : « La herse (appelée stop stick) que l’on peut jeter dégonfle les pneus en quelques kilomètres, mais ça leur suffit pour tenter de partir à pied dans la montagne, sacs remplis de cartouches sur le dos » a constaté un autre agent du poste fixe de Porta.

•• Face à ces passages en force ou même au trafic en général, l’objectif des douaniers est avant tout la confiscation de la marchandise. « C’est bien le principe : toucher les trafiquants au portefeuille et faire sortir du circuit la marchandise illicite » explique le chef divisionnaire de la douane de Cerdagne Yannick Berne, en charge des 89 douaniers de la frontière avec l’Andorre.

Il y a deux semaines, un peu plus de 150 kilos de cigarettes entrées illégalement sur le territoire national ont atterri dans le stock tampon du poste frontière de Porta, dont une prise de plus de 360 cartouches, planquées dans une voiture … De quoi fournir quelques vendeurs à la sauvette du côté de Perpignan, Montpellier ou même parfois Paris.

•• Mais, à la frontière entre l’Andorre et la France, le trafic illicite ne passe pas seulement par la route. La nuit sur les chemins de randonnée, en pleine montagne des files de passeurs charrient des centaines de cartouches sur leur dos. « Fort heureusement, nous disposons des moyens technologiques récents comme des jumelles à détection thermique qui peuvent déceler un mouvement à plusieurs kilomètres de distance » précise Yannick Berne.

•• Pour ces douaniers, la contrebande de tabac, ce sont des journées de 12 heures, des nuits passées à surveiller, des « je n’ai rien à déclarer » totalement mensongers et des voitures qui n’hésitent pas à accélérer. Et face à eux des dizaines de trafiquants. Des gros bonnets prêts à tout pour passer … mais aussi, souvent, des retraités et des mères de famille un peu paumés, qui tentent d’améliorer l’ordinaire.

(Voir aussi les 27, 14 et 2 novembre ainsi que les 29 et 17 octobre).