Après deux ans de croissance à deux chiffres, les ventes en ligne de produits non alimentaires ont décroché de 12 % sur les trois premiers mois de l’année et de 15 % pour les 100 plus gros sites. Moins de commandes sur internet, c’est aussi moins de livraisons de colis, constate Le Figaro.
Les opérateurs qui déposent les paquets chez les clients, dans les points relais ou dans les consignes subissent un coup d’arrêt. Ils ont vu leur activité plonger au premier semestre.
•• Un recul de 14,9 % en valeur, et même de 20,3 % en volumes pour Colissimo, qui livre un paquet sur deux en France. Cette branche de La Poste n’a réalisé qu’un chiffre d’affaires de 994 millions d’euros sur les six premiers mois de l’année. « Nous avons limité la casse avec une baisse de 10 % car nous avons gagné de nouveaux clients » explique Jean-Sébastien Léridon, directeur général de Relais Colis, racheté en mars par Walden, un groupe français de logistique.
DHL s’en tire mieux. Sans doute parce qu’il compte parmi ses clients beaucoup d’e-commerçants asiatiques, dont la politique de prix très agressive séduit les Français. « On a perdu autour de 2 % depuis le début de l’année, reconnaît Fatah Ziani, directeur des opérations de DHL Express France. Ainsi, l’activité B to C, qui était montée à 45 % de nos opérations en 2020, est redescendue à 43 % cette année. »
•• Dès l’été 2021, les volumes de paquets ont décru. Un deuxième coup d’arrêt est intervenu en février sur les autres catégories de produits, touchant même les articles de seconde main.
« On se doutait bien que notre activité marquerait le pas car le contexte est moins favorable » affirme Benoît Huc, directeur commercial et marketing de Colissimo. « Aujourd’hui, les clients peuvent acheter en magasin sans restriction, alors qu’au premier semestre 2021 les points de vente ont connu des périodes de fermeture et des couvre-feux qui favorisaient l’e-commerce. »
Et ce que personne n’avait anticipé, c’est l’inflation créée par la guerre en Ukraine. Une spirale infernale, qui décourage d’acheter et donc de se faire livrer.
•• Malgré son recul au premier semestre, Colissimo affiche toujours une croissance de 27 % par rapport à 2019, soit 45 millions de colis supplémentaires. Mais, dans les PME, la nouvelle donne oblige à changer son fusil d’épaule.
• Ainsi, Relais Colis, qui réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 150 millions d’euros, a revu à la baisse ses projets. «Nous voulions intégrer 500 commerçants supplémentaires dans notre réseau de points relais, qui en compte 6000, raconte Jean-Sébastien Léridon. Nous y avons renoncé pour l’instant.» De même, plus question de recruter quelques dizaines de personnes dans cette société d’un peu moins de 500 salariés.
• Chez le leader du marché, Colissimo, en revanche, pas de remise en cause de grands projets. Probablement parce que cette filiale de La Poste a réalisé des bénéfices au premier semestre. Du coup, elle va continuer à exécuter son plan qui prévoit d’ajouter d’ici à 2025 deux ou trois plateformes de tri de colis dans le Grand Ouest en plus des 19 qui maillent le territoire français.
• Chronopost compte monter à 700 000 livraisons de paquets en 2025 et 1 million à l’horizon 2030, contre 505 000 l’année dernière.
• Persuadée que le marché va se développer à moyen terme, DHL France continue également sur sa lancée. D’ici à la fin d’année, le groupe va rénover cinq agences pour qu’elles aient une capacité plus importante de « dispatching » (répartition) des colis. Cette confiance dans l’avenir ne gomme pas les interrogations sur l’évolution de la situation au second semestre.
« Tout le monde se demande quelle sera la tendance à la rentrée » confie Benoît Huc. « C’est déterminant, car la “peak season” qui précède Noël est celle où les spécialistes du dernier kilomètre font le plus de chiffre d’affaires. »